Dérapages, diffusion du 30/04/20

Arte
30/04/20 ~ 19:55 - 20:50

Saison:1 - Episode:4 - Depuis la prise d'otages au siège d'Exxya, Alain Delambre dort en prison. Deux détenus lui cassent consciencieusement les doigts de la main gauche. Le commanditaire de l'agression n'est autre que Fontana, l'homme des basses besognes de Dorfmann. La prise d'otages organisée par Alain était un écran de fumée pour accéder aux dossiers confidentiels d'Exxya grâce au talent d'informaticien de Charles, et détourner 22 millions d'euros. Dorfmann, par le biais de Fontana, est bien décidé à les récupérer… - Critique : « J’ai jamais été un homme violent. Je n’ai jamais voulu tuer personne […]. Quand j’ai compris à quel point j’étais en colère, j’ai pris peur, mais c’était trop tard. » Éric Cantona, collier de barbe et tricot de peau sans manches sur tatouages, nous parle face caméra. Pardon… Alain Delambre, cadre senior au chômage, nous raconte, dans une construction ingénieuse de flash-back, comment il en a eu marre de multiplier les jobs ingrats pour faire face à la précarité, et espérer, en vain, repeindre les murs lépreux de l’appartement familial acheté à crédit. L’espoir peut être fatal : lorsqu’un cabinet de recrutement lui propose une sale mission pour une grosse multinationale, il accepte, mais, cette fois, il arrivera armé… On plonge sans réserve dans cette série qui mêle polar social, drame familial et chronique judiciaire, à condition d’adhérer à ses deux postulats puissants : un ton pamphlétaire, mais gorgé de dérision, porté par la voix et tout le corps d’un Cantona quasi schizophrène (chef de famille affolé d’un naturel confondant et vengeur social soliloquant), et une peinture effrayante, outrée, du cynisme libéral qu’incarne Alex Lutz en pdg glaçant. Avec sa mise en scène tout en lignes de fuite et en décors vitrés à la Michael Mann, ce thriller finit, surtout, par dessiner le passionnant portrait d’un homme ordinaire, pris dans une folie de terre brûlée, de non-retour, et rendu sourd à l’amour de ses proches par un système broyeur d’ego.