Relève

Canal+
10/04/19 ~ 02:45 - 04:40

Directeur de la danse de l'Opéra national de Paris depuis le 1er novembre 2015, le chorégraphe Benjamin Millepied y a créé le ballet «Clear, Loud, Bright, Forward» à la rentrée 2015. Le film de Thierry Demaizière et Alban Teurlai suit pas à pas les différentes étapes de l'élaboration de cette oeuvre qui rend hommage aux belles heures de la danse du XXe siècle tout en mettant en avant l'unité organique du corps de ballet dans son ensemble. Dans un décor de Lucy Carter et sur une musique de Nico Muhly, les hommages à ses maîtres du New York City Ballet, Jerome Robbins et George Balanchine font mouche. Critique : L'Opéra de Paris ne fait pas rêver tous les danseurs. Gamin, Benjamin Millepied était terrifié par son austère réputation : conception doloriste de la pratique, professeurs cassants, compétition étouffante... Le futur danseur étoile a préféré filer à l'étranger pour faire ses gammes. Aujourd'hui, devenu directeur du Ballet de l'institution parisienne, il s'est donné comme ambition de la débarrasser de son rigide corset. C'est cette révolution silencieuse que le passionnant documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai saisit, à travers la création du premier spectacle de Benjamin Millepied, Clear, loud, bright, forward. Trois mois passés en compagnie du chorégraphe, de ses jeunes danseurs, des artistes qu'il aime et associe au projet, et de ses collaborateurs, parfois bousculés par son rejet tranquille des normes. Le film souffre d'une réalisation un poil trop appuyée, mais il nous transporte au coeur du processus créatif, ce compte à rebours aussi bien esthétique (belles séquences de répétition) que pragmatique (grosse rigolade à suivre la construction ubuesque d'un simple banc pour le spectacle). Surtout, à travers le portrait de l'insaisissable chorégraphe, le film capte la folle énergie d'une nouvelle génération d'artistes, prêts à bouleverser l'Opéra de Paris et la danse classique. Une belle relève, donc. — Lucas Armati