A l'heure des souvenirs

Canal+
05/03/19 ~ 00:55 - 02:40

Tony Webster, un homme d'une soixantaine d'années, retraité et divorcé, s'apprête à devenir grand-père. Il vit seul avec ses souvenirs de lycée, de fac, de révoltes et d'idéaux partagés avec ses amis. A l'époque, Tony était sorti avec Véronica, mais elle lui avait finalement préféré l'ombrageux et très intelligent Adrian, ce qu'il n'avait pas supporté. Pour se venger, Tony avait alors adressé une lettre épouvantable, pleine de rancoeur, de jalousie et même de menace. Une lettre qui a eu des conséquences dramatiques. Quand la mère de Veronica lui lègue des pages du journal intime de sa fille, Tony reprend contact avec son amour de jeunesse ... Critique : Elle s’appelait Veronica, il était très épris d’elle. Tony, sexagénaire londonien, croyait avoir oublié… Jusqu’à l’arrivée d’un courrier : la mère de Veronica vient de mourir et lui a légué un journal intime. Celui d’Adrian, son meilleur ami de jadis, son rival… La mémoire devient un jeu de piste, un labyrinthe mélancolique à travers passé et présent, illusion et réalité. Ritesh Batra (The Lunch Box) y égare l’excellent Jim Broadbent, éternel second rôle dans une multitude de blockbusters, qui donne ici la pleine mesure de son talent. Sobre mais hanté, il ajoute sa propre ambiguïté, sa bonhomie trom­peuse, à cette enquête intime sur les apparences et les malentendus. Car il s’agit bien, pour l’homme d’aujourd’hui, de découvrir les secrets d’hier, au cœur des souvenirs, biaisés, du jeune amoureux qu’il fut. En équi­li­bre fragile entre séquences con­­tem­poraines et flash-back comme ­empoisonnés par la nostalgie, le film progresse vers une révélation, un ­bilan existentiel, un « sens de la fin » — le titre original. On aura, au passage, croisé la route de quelques fantômes bien vivants (dont Charlotte Rampling, saisissante en Veronica d’aujourd’hui), et apprécié la saveur subtile, ­forcément douce-amère, des amours mortes.