Zombi Child, diffusion du 20/12/20

Canal+
20/12/20 ~ 03:09 - 04:49

A Haïti en 1962, Clairvius Narcisse, devenu zombie et tenu en esclavage, va peu à peu se libérer. Cinquante-cinq ans plus tard, quatre lycéennes pensionnaires de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis accueillent dans leur bande une Haïtienne de leur âge, petite-fille de ce même Clairvius Narcisse. Les parents de la jeune fille sont morts dans le séisme ayant touché l’île en 2010 et vit à Paris chez sa tante, une prêtresse vaudoue. Ce qui donne l’idée à l’une de ses camarades, la romantique Fanny, d’utiliser les pouvoirs du vaudou pour exorciser un douloureux chagrin d’amour... - Critique : Bertrand Bonello revisite un mythe profondément ancré dans la culture et l’histoire complexe de Haïti, mêlant rite vaudou et traite négrière. En 1962, un homme empoisonné est enterré puis déterré la nuit venue, avant d’être exploité comme d’autres esclaves zombis sur une plantation. Cet homme, c’est Clairvius Narcisse, cas rare de zombi « reconnu » dans l’île, qui a fait l’objet de plusieurs études. Le film entrecroise son destin avec celui, cinquante ans plus tard, de sa petite-fille, Mélissa, orpheline solitaire. Lycéenne en seconde dans un étonnant pensionnat de Saint-Denis, elle y intègre un club féminin de littérature contemporaine. L’aura qu’exerce Mélissa sur ses amies révèle la fascination d’un imaginaire mystérieux, mais aussi le besoin culturel, spirituel, de se régénérer, à travers des rites différents. Hybride, Zombi Child mêle étroitement l’intime et le politique, de manière à la fois consciencieuse et juvénile. Si la partie tournée à Haïti est parfois un peu filandreuse, celle consacrée au groupe des adolescentes dans le pensionnat est très réussie. Tout y sonne juste. Musicien avant de devenir cinéaste, Bonello l’est toujours par son traitement mélodique des dialogues et son choix judicieux des morceaux, comme la chanson de Kalash, Mwaka Moon. Les gracieux gestes de danse esquissés alors par Mélissa, les bougies et les têtes sculptées qui l’entourent, le lieu évoquant une crypte, le timbre rugueux de Kalash : c’est un fascinant moment de cérémonie païenne, aux multiples résonances.