Un barrage contre le Pacifique, diffusion du 07/10/20

Arte
07/10/20 ~ 19:55 - 21:50

Le Cambodgien Rithy Panh signe une adaptation modeste, sans exotisme clinquant, du roman préféré de Duras, sur le délitement irréversible de la cellule familiale. - Critique : Marguerite Duras disait n’aimer guère les films tirés de ses livres, préférant les cinéastes amateurs aux professionnels. Peut-être se serait-elle retrouvée davantage dans cette version modeste, hétéroclite, très peu industrielle, de son livre préféré, signée par le documentariste cambodgien Rithy Panh. Le barrage du titre a été voulu dans les années 1930 par la mère de Duras, pour protéger ses rizières. Cette entreprise utopique, dérisoire, tragique, renvoie au délitement inévitable de la petite cellule familiale (une fille, un fils, leur mère), qui s’impose comme le vrai sujet du film. En particulier, la relation sulfureuse entre la toute jeune Marguerite — Suzanne dans la fiction — et un riche planteur chinois (ce sera plus tard la matière de L’Amant) est traitée avec finesse. Mais la quintessence durassienne se retrouve surtout dans le jeu d’Isabelle Huppert. Quelle délectation (morose) d’entendre cette mère décréter que l’orthographe est la clé de toute réussite, elle qui s’est épuisée à écrire des suppliques aux autorités sans la moindre faute ni le moindre succès…