Petit paysan, diffusion du 22/02/19

Canal+
22/02/19 ~ 15:15 - 16:40

Pierre, la trentaine, fraîchement diplômé d’études agricoles, prend en main l’exploitation familiale de vaches laitières. Alors que Angélique, la boulangère, lui tourne autour, Pierre se bat contre sa solitude et les difficultés financières. Quand l’une de ses têtes de bétail est touchée par la maladie de la vache folle, Pierre préfère sacrifier lui-même sa bête par crainte que les services vétérinaires ne suppriment tout son cheptel, soit 25 vaches. Pascale, sa sœur vétérinaire, le prévient que dissimuler une possible épidémie est passible de prison. Mais Pierre, qui ne se voit pas faire autre chose de sa vie, veut à tout prix sauver la ferme... Critique : | Genre : jamais sans mes vaches. Pour Pierre, rien ne compte plus que ses vaches. Levé à l’aube tous les matins pour la traite, il trime toute la journée entre la pâture et les mille et une tâches de la ferme, sans compter les réveils en pleine nuit pour la mise bas d’un veau… Ce jeune éleveur consacre chaque minute de son existence à son troupeau. L’amour ? Pas le temps — ni même l’envie — de répondre aux avances de l’avenante boulangère du village. Les seules visites qu’il accepte sont celles de sa sœur, puisqu’elle est vétérinaire. Surtout, Pierre a peur : les premiers cas d’une épidémie viennent de se déclarer en France. Des troupeaux sont abattus par mesure de précaution. Découvrant que l’une de ses laitières est infectée, il est prêt à tous les mensonges pour empêcher qu’on tue ses vaches… Hubert Charuel, lui-même fils d’éleveur, mais qui préféra la Fémis à la ferme familiale, signe un premier long métrage enthousiasmant sur un sujet qu’il connaît intimement. On est d’abord frappé par sa capacité à convertir son matériau documentaire (des difficultés économiques aux lois sanitaires, jusqu’à la question épineuse de la robotisation de la traite) en fiction passionnante. Mais, en plus, son film échappe au naturalisme et tourne au thriller. C’est d’ailleurs annoncé dès la séquence d’ouverture, superbement onirique : Pierre se fraye difficilement un chemin dans sa chambre et sa cuisine, au milieu des vaches. Et il deviendra un héros de polar paranoïaque pour faire disparaître, la nuit, le cadavre d’un ruminant, bien plus difficile à enterrer que celui d’un homme chez Scorsese… Swann Arlaud, impressionnant, comme habité, devient l’incarnation d’un sacerdoce qui peut virer à l’enfer.