Nasser, du rêve au désastre, diffusion du 03/04/19

LCP
03/04/19 ~ 01:00 - 02:00

Gamal Abdel Nasser, second président de la République d'Egypte, disparu en 1970, est toujours considéré comme un héros du XXe siècle : pour les uns, il a été celui qui a défié l'Occident, pour les autres, il a été la figure de proue du nationalisme arabe, rempart contre l'islamisme. Ce documentaire illustré de nombreuses archives inédites, dont des images filmées par Nasser lui-même ou sa famille, met son parcours en perspective. Critique : On peut penser que le monde irait mieux si l’Egyptien Nasser avait réussi son coup. Son ambition de bâtir un panarabisme moderne et laïque aurait peut-être fait école au Moyen-Orient et servi de rempart au fondamentalisme islamique. Cette hypothèse pointe discrètement dans ce documentaire, portrait critique du président égyptien, sans grande originalité sur la forme mais précis sur son bilan. Le journaliste Alain Gresh, l’historien israélien Elie Barnavi, l’écrivain Alaa El Aswany (L’Immeuble Yacoubian) ou la fille de Nasser reviennent sur la trajectoire du raïs, l’enthousiasme suscité par ses premières mesures (nationalisation du canal de Suez en 1956, réforme agraire, union diplomatique avec la Syrie…), mais aussi sur ses revers (militaires au Yémen ou contre Israël) et les concessions accordées aux islamistes pour rester au pouvoir. Foisonnant d’archives, le film pèse le pour et le contre, puis ­sinue dans l’entre-deux. Gilbert Sinoué, biographe de Nasser, ­reproche notamment au président d’avoir « détruit le brassage culturel » en faisant fuir les grandes familles du Caire. Derrière le récit de son règne, de 1956 à 1970, affleure néanmoins la nostalgie d’un certain « socialisme arabe », compatible avec l’islam, où on pouvait plaisanter sur le port du voile, refuser de front l’impérialisme américain et le communisme soviétique pour imaginer une démocratie arabo-musulmane soudée par-delà les frontières. Ce film narre la fin de cette espérance.