Paris, Texas, diffusion du 13/04/20

France 5
13/04/20 ~ 19:50 - 22:14

Wenders exalte nos sens dans cette fascinante balade amnésique, où un homme recherche sa famille et finit par se trouver. - Critique : Après s’être frotté au polar américain (Hammett), Wim Wenders tente d’apprivoiser les grands espaces de l’Ouest. Il pose son regard d’Européen sur le désert et les échangeurs d’autoroute pour se réapproprier une mythologie. Dans le désert Mojave, écrasé de soleil, un homme en costard et casquette rouge marche seul, hagard, mais d’un pas décidé. Cow-boy sans monture dans un décor mythique. Dans le dernier plan, il est immobile sur un parking, entouré d’immeubles, la nuit. C’est Travis dans les villes… Ces deux plans larges se répondent : Wenders capte l’enfer américain, minéral ou urbain, et l’isolement de l’homme, passant-passeur sacrifié. Quel but poursuit Travis ? Il veut revenir à Paris, au Texas, là où ses parents l’ont conçu. Mais, en marchant, droit devant lui, il cherche à se « perdre dans un pays où [il serait] anonyme ». Revenir au début des choses pour disparaître. Travis est à la recherche d’un absolu que l’idéaliste Wim Wenders traque de film en film. Le visage émacié de Harry Dean Stanton, marqué à vie par ce rôle d’errant, a laissé son empreinte sur le film. Sans ­parler de Nastassja Kinski, en pull angora rouge dans sa cabine de peep-show. Trente-six ans après sa Palme d’or à Cannes, le film n’a pas pris une ride, et les deux notes de guitare électrique, hommage réussi de Ry Cooder à Ennio Morricone, résonnent toujours aussi bien dans le désert.