Otage(s), diffusion du 22/02/19

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22/02/19 ~ 00:05 - 01:45

Le grand reporter Michel Peyrard, qui a été l'otage des talibans en 2001, dresse le portrait de personnes qui ont connu une expérience comparable à la sienne. De nationalité colombienne, mais aussi italienne, autrichienne et américaine, ils évoquent leur captivité. Parmi les sept témoins figurent Clara Rojas, otage des FARC en Colombie pendant six ans, l'Américain Theo Padnos, otage du Front Al-Nosra en Syrie pendant 22 mois, l'Italienne Mariasandra Mariani, otage d'Al-Qaïda au Maghreb islamique en 2011, libérée après 14 mois de captivité. Se confient également le Français Pierre Borghi, otage des talibans en 2012, Wolfgang et Andrea Ebner, deux Autrichiens, otages d'Al-Qaïda au Maghreb islamique pendant 8 mois et Oscar Tulio Lizcano, un Colombien enlevé par les FARC en 2000, libéré après huit années de captivité. Critique : « Le plus difficile, ce n’est pas leur haine, c’est leur mépris », lâche Oscar Tulio Lizcano, otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) durant huit ans, deux mois et deux jours. Face caméra, l’universitaire et homme politique colombien raconte la capture, la peur, la descente aux enfers longue comme une nuit sans fin. L’insoutenable sentiment de n’être rien. Traité comme un animal, une simple marchandise, il en perd l’usage de la parole, sombre dans le désespoir et l’effroi absolus — « Je suis en train de me putréfier dans cette jungle ! ». Sept ex-otages — du Front al-Nosra, en Syrie, pour le journaliste américain Theo Padnos, d’al-Qaida au Maghreb islamique, pour l’Italienne Maria Sandra Mariani… — s’expriment ainsi tour à tour. Chaque histoire est singulière, et pourtant tous semblent avoir enduré la même épreuve, aussi terrible qu’indicible. Une sorte de plongeon dans des limbes déshumanisés d’où l’on ne revient pas tout à fait. Leurs regards disent l’effroi, leurs mots minorent, parce qu’il faut tourner la page. Ce film sans commentaire, que son auteur, Michel Peyrard, grand reporter pendant près de trente ans, a voulu « élégant », se révèle à la fois sobre — il ne contient ni reconstitutions ni pathos — et spectaculaire — il multiplie les prises de vues aériennes par drone, cela peut lasser. Aux paroles d’otages se superposent des paysages grandioses du Vermont sous la neige ou des champs d’oliviers : ce sont les images mentales — « toujours des grands espaces » — qu’ils chérissaient au fond de leur geôle pour ne pas sombrer dans la folie.