L'ivresse du pouvoir, diffusion du 02/10/20

Arte
02/10/20 ~ 12:35 - 14:35

Revue et corrigée par Chabrol, l'affaire Elf devient une parabole acide sur le pouvoir. Numéros d'acteurs (Berléand, Balmer…) et jeu hors norme de la star féminine (Huppert). - Critique : Le capitaine d’industrie que cueillent les flics au début ne s’appelle pas Loïk Le Floch-Prigent, mais personne n’est dupe. S’il ne s’agit pas de l’affaire Elf, ça y ressemble comme deux gouttes de pétrole… La juge qui fit vaciller la multinationale et la République s’appelait Eva Joly. Isabelle Huppert se voit affublée du patronyme de Charmant-Killman : sous la féminité, l’art de tuer… Le film aurait pu être signé Claude Grand-Guignol… Ce qui passionne Chabrol, c’est d’installer un petit théâtre ludique et méchant, de saisir les ambitions et les ridicules d’une faune intemporelle. Pas besoin de connaître l’affaire Elf, pour goûter ce plaisir-là. Isabelle Huppert, fidèle chabrolienne, emmène le film vers une forme curieuse de fantastique. Il y a du vampire en elle, et c’est un ballet de spectres que saisit le cinéaste. Surgit enfin le substrat politique de ce film drôle et mélancolique : une certaine idée de la France en monarchie républicaine, un monde qui fout le camp.