L'héritière, diffusion du 07/08/20

Arte
07/08/20 ~ 12:35 - 14:35

New York 1850. Une jeune femme riche mais laide (Olivia de Havilland en moche, on doute...) se fait courtiser par un séduisant désargenté (Clift, très séduisant). Vrai amour ? Imposture ? Le père tranchera... Wyler adapte Henry James : que du beau monde pour une tragédie un brin statique. - Critique : 1850, à New York. Une grande maison sur Washington Square, fermée sur elle-même. Les rideaux sont tirés, les lourdes portes en bois coulissantes enferment les pièces, comme dans un jeu de construction. À l’intérieur de cette maison, un veuf inconsolable et sa fille maladivement timide et terne. Elle lance à ce père adoré des regards de petite fille confiante et ne reçoit en retour que mépris et déception. Olivia de Havilland joue la gourde avec un naturel désarmant. Quand un beau jeune homme tombe — enfin — amoureux d’elle, elle se donne complètement à lui et se moque de connaître les vraies motivations de cet amour providentiel. William Wyler s’intéresse peu au jeune couple, reléguant Montgomery Clift à un petit rôle de manipulateur cynique pas très fouillé. En revanche, il ne s’éloigne jamais longtemps du père et de la fille, les filmant dans ce même plan où Ralph Richardson écrase de sa prestance la jeune femme apeurée. L’acteur est glaçant en père tourné vers le passé qui idéalise sa femme morte et se venge de ce décès sur sa fille, qu’il ne trouve pas à la hauteur. Il y a beaucoup plus de passion entre ces deux-là qu’entre le jeune arriviste et sa proie. Longtemps privée de sentiments, la pauvre Catherine en veut finalement plus à son père de ne pas l’avoir suffisamment aimée qu’à son prétendant de ne l’avoir désirée que pour son argent. Dans la scène finale, Olivia de Havilland ferme une dernière fois les rideaux avant de remonter l’immense escalier sans fin, ne laissant derrière elle que l’obscurité. Elle est magistrale. Wyler fait du décor un piège suffocant qui finit par dévorer ses personnages.