Les estivants, diffusion du 05/08/20

Canal+
05/08/20 ~ 01:19 - 03:23

Dans une belle maison bourgeoise, sur la Côte d'Azur, le temps d'un été. Anna, venue voir Célia, sa fille adoptive, doit gérer sa rupture toute fraîche avec Luca, son mari. Désespérée, elle cache la nouvelle à ses hôtes, Nathalie, la gauchiste névrosée, Elena, Jean et Stanislas et sa mère pianiste. Peu après, elle est rejointe par son partenaire d'écriture et s'efforce, entre deux coups de fil désespérés dans le vide, de jouer son rôle de mère. Elle tente de se concentrer sur son prochain film, inspiré d'un deuil tragique, la mort de son frère, que personne encore dans cette maison n'est parvenu à accepter. Le personnel voit tout ce petit monde s'agiter... - Critique : Libre adaptation d’une pièce de Gorki, le film réunit une vingtaine de personnages dans une villa méditerranéenne, au milieu de l’été. Anna, qui est venue retrouver sa fille, terminer son scénario et digérer une rupture, essaie de trouver sa place dans ce phalan­stère. Chacun y joue sa partition : les bourgeois dans le jardin, le petit personnel dans la remise. Les rapports de pouvoir se mettent en place. Entre le beau-frère, industriel de droite, et l’amie, scénariste de gauche — dans la piscine, il tourne autour d’elle comme un requin essoufflé. Entre la vieille mère, qui rêve encore d’amour, et l’oncle un peu fou, qui montre ses fesses sans que personne y prête attention… Dans ce ballet cacophonique très chorégraphié, personne ne se voit ni ne s’écoute. Les repas sont des moments de catharsis, où les langues se délient et les vieux démons familiaux refont surface. Anna, tout à sa rupture, est d’abord très combative : elle harcèle son ex au téléphone, le frappe sur le quai de la gare dans une scène inénarrable, drôle et tragique. Mais, peu à peu, elle se met en retrait, devient spectatrice de sa propre histoire. Au centre de tous ses films précédents, Valeria Bruni Tedeschi s’efface doucement dans celui-ci, jusqu’à disparaître dans une brume épaisse lors de la dernière scène — celle du tournage de son scénario enfin terminé —, baignée d’une nostalgie et d’une musique felliniennes. Les personnages, morts et vivants réunis, sont enfin apaisés. Dans ce brouillard artificiel, la vraie vie s’estompe, l’illusion triomphe.