Le jeu de l'amour et du hasard, diffusion du 14/06/20

France 5
14/06/20 ~ 19:50 - 21:50

Silvia est promise au fils d'un vieil ami de son père, Dorante. La jeune femme parvient à obtenir de son père l'autorisation d'observer sous le déguisement de sa servante, Lisette, le jeune homme à qui sa famille la destine. Mais elle ignore que Dorante a eu la même idée qu'elle lorsqu'il se présente à son tour dans l'habit de son valet Arlequin. Ce dernier endosse les vêtements de son maître. Les couples réassortis sont alors pris à leur propre piège, sous le regard amusé et éclairé de Monsieur Orgon. Face à ce jeu de hasard, les protagonistes répondent en faussant la donne. - Critique : La cruauté face aux domestiques abonde chez Marivaux, un des premiers à avoir décrypté les relations de « classes » qui nouent nos sociétés. Histoire de manipulation amoureuse, de déguisement, Le Jeu de l’amour et du hasard (1730) est un allègre sextuor, à la langue diaboliquement musicale. Sous le regard bienveillant d’un père et d’un frère (plus pervers), une jeune aristocrate (Silvia) prend l’apparence de sa servante Lisette pour tester Dorante, le mari qu’on lui propose. Lequel Dorante a la même idée et se fait passer pour son valet Arlequin. Catherine Hiegel a mis en scène ce chassé-croisé amoureux dans un magnifique jardin. Une violoncelliste, derrière une fenêtre, joue et observe. Théâtre dans le théâtre : chez Marivaux, c’est grâce aux masques, aux mensonges qu’on découvre sa vérité. Vérité souvent cruelle : dans l’amour, il n’y a pas de hasard. Les domestiques et les maîtres resteront entre eux. Dommage que la distribution soit hétéroclite. Et la représentation lente, comme si les personnages souhaitaient faire comprendre chaque réplique. Or n’est-ce pas par le rythme, par la sonorité plus que par le sens, qu’on saisit une situation ? Clotilde Hesme n’a plus l’âge de Silvia, ni la prétendue innocence des premiers émois amoureux ; Nicolas Maury (Dorante) semble égaré là, formant avec elle un couple improbable. Seul le duo Laure Calamy-Vincent Dedienne fait résonner à merveille les artifices de la langue. Chez Marivaux, c’est leur langage, en effet, et non les actes, qui révèle les êtres. Leur théâtre.