Laissez bronzer les cadavres, diffusion du 18/02/19

Canal+
18/02/19 ~ 02:05 - 03:30

Le gangster Rhino et sa bande viennent de braquer un fourgon rempli d'or et repartent avec les 250 kilos de leur butin, qu'ils emportent dans un village désert de la côte méditerranéenne. Seulement, le village a d'autres visiteurs, qui contrecarrent les plans minutieux de Rhino. Sans compter deux policiers, qui viennent leur donner du fil à retordre. Le village devient alors le théâtre d'une impitoyable partie de cache-cache, rythmée par de sanglantes fusillades... Critique : | Genre : action, création ! Solaire, nihiliste et cinglant, le titre est celui du premier roman noir de Jean-Patrick Manchette (coécrit avec Jean-Pierre Bastid en 1971), un auteur culte dont cette adaptation rappelle la radicalité. A la mise en scène, Hélène Cattet et Bruno Forzani, chantres de l’étrangeté, mettent leur quarantaine juvénile au service d’un show visuel complètement pop. Dans un village en ruine, comme brûlé par le soleil de la Méditerranée, une cargaison d’or volé vient allumer le feu de tous les règlements de comptes. Au milieu des flics et des voyous, une peintre semble compter les morts et chercher l’inspiration, avide de formes explosives, de couleurs fortes, jaune or, rouge sang… Tout ramène à la création dans ce faux film d’action qui tend vers l’action painting et vise l’énergie d’un geste artistique brutal, en stylisant le polar jusqu’à l’abstraction. Après avoir joué avec les codes du giallo (le polar italien horrifique, dans L’Etrange Couleur des larmes de ton corps, 2013), les Cattet-Forzani citent, cette fois, le western spaghetti. Cadrages, musiques puisées dans l’œuvre d’Ennio Morricone, la forme est un plaisir si savamment étudié qu’on en oublie le fond. Mais si le cinéma devient un art plastique, les comédiens, aux formidables gueules (dont Elina Löwensohn, exceptionnelle en fausse Niki de Saint Phalle), y apportent de la chair. Leurs regards filmés en très gros plans en sont la preuve : ici, l’œil vit !