La vie de Galilée, diffusion du 23/06/20

France 2
23/06/20 ~ 22:10 - 00:35

Galilée observe à la lunette le firmament. Dix ans auparavant, le philosophe Giordani Bruna a été brûlé à Rome pour avoir soutenu l'idée d'un univers infini sur la base des travaux de Copernic. Galilée cherche des preuves à son hypothèse d'un système cosmique où la Terre est un corps céleste ordinaire. De Padoue à Venise, le mathématicien ébranle des certitudes en affrontant la puissance de l'Eglise. Ses découvertes sur l'astronomie et la physique vont passionner le peuple. L'Inquisition aura eu raison de lui, mais pas de sa science. - Critique : Il se régale à l’avance de déguster oie grasse et bonne bouteille, puis se prélasse dans un bain chaud. Le Galilée de Bertolt Brecht est un jouisseur, qui aura poursuivi le dramaturge allemand sa vie durant. Trois versions ! La première, écrite au Danemark en 1938, alors qu’il avait fui le régime nazi ; et la dernière, créée peu avant qu’il ne meure (1956). Se reconnaissait-il si fortement dans le grand astronome, mathématicien et physicien italien ? Galilée avait scandalisé l’Église en étayant la thèse de Copernic : la Terre tourne autour du Soleil et n’est ainsi plus le centre du monde… Mais devant le tribunal de l’Inquisition, il dut se rétracter publiquement. Face à la torture, Galilée n’avait pas hésité. Lâcheté ? Intuition que vivre permet de résister autrement et dans la durée ? Brecht brilla rarement lui aussi par son courage politique. Avoir vu brûler ses œuvres lors du grand autodafé de 1933 avait dû le terroriser à jamais. Tel Galilée, sa sagesse était autre : tenir, vivre, travailler dans l’ombre le temps qui reste. Celui qui avait pu mesurer, en 1945, la terrible responsabilité des scientifiques à Hiroshima devait se poser bien des questions sur le rôle des savants. La Vie de Galilée est une pièce sur le doute. Aucune certitude ne s’y proclame sur la conduite que devraient tenir les éclaireurs de notre monde. Embarrassée de longues tirades, la pièce se révèle parfois d’une pesante lourdeur. Et la mise en scène ne l’allège guère. Dans un étonnant décor écrin, Éric Ruf enferme ses personnages dans un espace muséal. Mais la direction des acteurs y fait merveille. Tous apportent aux dialogues une verve, une sensualité, une émotion qui en ravivent heureusement les couleurs.