La haine, diffusion du 20/10/20

Canal+
20/10/20 ~ 00:00 - 01:34

L'odyssée de Vinz, Hub et Saïd, trois « lascars » en goguette à Paris, tourne au cauchemar. La fracture sociale est béante. Kassovitz s'impose moins comme polémiste-sociologue que comme un remarquable cinéaste. - Critique : | Genre : comédie documentée. A sa sortie, Mathieu Kassovitz avait voulu faire passer La Haine pour un brûlot, déclarant avoir réalisé « un film contre les flics », et les médias en avaient fait l'accroche commode de documents sur le mal des banlieues. La vérité se situe entre ces deux pôles, entre les provocations de son auteur et le « suivisme » de ses thuriféraires. Au départ, La Haine fait tout simplement la chronique de deux bavures ordinaires. Le film n'incite jamais à la violence : la « haine » passe d'abord par les mots et, si elle se matérialise, c'est à la suite d'un engrenage de circonstances malheureuses, où la bêtise et la peur le disputent à la colère. Kassovitz n'est pas un documentariste, mais un cinéaste maîtrisant son art. Le style, noir et blanc coup de poing et caméra à l'épaule, soigne les effets de surprise et les ruptures de ton. L'odyssée de ses trois zozos prend la forme d'une balade picaresque. C'est presque une suite de sketchs, écrits au scalpel, où le rire surgit des trouvailles langagières. Kassovitz est doté d'un solide sens de l'humour. Il sait comment faire rire ou émouvoir. — Aurélien Ferenczi