La forme de l'eau, diffusion du 29/03/19

Canal+
29/03/19 ~ 13:35 - 15:35

En pleine guerre froide, Elisa Esposito travaille comme femme de ménage dans un laboratoire secret où est retenue prisonnière une créature amphibie sur laquelle sont menées des expériences. Le scientifique Hoffstetler est fasciné par ce monstre tandis que son chef Strickland n'y voit qu'une aberration de la nature. Une relation étrange va se nouer entre Elisa, qui muette et cette mystérieuse bestiole batracienne. Ce qui commence par une relation d’amitié et d’empathie va tourner à l’aventure amoureuse. Avec l’aide de son voisin, elle décide de libérer la créature. Elle ignore l'ampleur des conséquences de cette évasion... Critique : Fin des années 1950, en pleine guerre froide. Muette, Elisa est une jeune femme rêveuse, qui travaille comme femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental tenu secret. Un agent à l’allure de milicien sadique y débarque un soir, accompagné d’une mystérieuse cargaison : une créature capturée dans un fleuve d’Amérique du Sud. En ami bien connu des monstres (Hellboy, Le Labyrinthe de Pan), Guillermo del Toro ne tarde pas à se tenir du côté de celui-ci, à travers la douce et téméraire Elisa, qui entre vite en contact avec la créature. Laquelle s’exhibe sans gêne : il s’agit d’un homme-poisson, certes visqueux, pourvu de branchies, mais aussi joliment fuselé et musclé, à l’épiderme luminescent. Vert d’eau, céladon, avec des variantes de bleu, de kaki : le réalisateur, magicien baroque, se plaît à composer un camaïeu, tout autant qu’il s’amuse à multiplier les citations ou les emprunts (de Jules Verne à Jean-Pierre Jeunet), à pasticher les films sur la guerre froide, à rendre hommage au cinéma fantastique de série B. Son film enveloppant déborde d’idées et de métaphores. Au risque parfois de la surcharge — musicale surtout. On reste néanmoins captivé par ce récit jonglant avec les genres, d’où émergent une histoire d’amour insolite et une ode à la différence, où l’union des faibles, des bannis et des humiliés fait la force. Le monde décrit est violent, injuste. On n’y voit quasiment jamais la lumière du jour. C’est pourtant un conte enchanteur.