La douleur, diffusion du 26/02/19

Canal+
26/02/19 ~ 15:35 - 17:40

En juin 1944, Robert Antelme, écrivain et grand résistant est arrêté et déporté. Sa femme, Marguerite Duras, romancière et qui l'accompagne dans ses combats, est bien décidée à le retrouver. Elle croise Pierre Rabier, l'agent français de la Gestapo qui a participé à l'arrestation de son mari. Sous le charme et dans le but de lui soutirer des informations, Rabier veut la revoir. Chacun pense qu'il peut manipuler l'autre. Cette relation trouble se déroule sous le regard de Dyonis, également résistant et amant de Marguerite. Quand l'armistice est enfin signée, commence alors pour Marguerite une angoisse attente avant de peut-être revoir l'être aimé... Critique : Dans La Douleur, grand livre sur l’absence, Marguerite Duras retrace l’attente de son mari déporté, Robert Antelme, au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, puis son retour des camps. Un texte âpre, ardent, magnifique, dont Emmanuel Finkiel parvient à restituer la violence des sentiments, mais aussi, grâce à une mise en scène audacieuse, la distanciation propre à l’écriture durassienne. Sans jamais sacrifier l’émotion… La douleur de Duras est d’abord une peur, mêlée de honte : celle de dépendre d’une « ordure » pour sauver son époux. Entre la jeune romancière (et résistante) et l’inspecteur (et collabo) Pierre Rabier débute un jeu du chat et de la souris ambigu. Benoît Magimel apporte une douceur inquiétante à ce flic trouble, dont l’admiration presque enfantine pour la jeune romancière n’est, peut-être, qu’un leurre pour la manipuler. La deuxième heure du film plonge plus profondément dans la vie intérieure de la narratrice. Paris, dans la grisaille de l’Occupation puis de la Libération, n’est perceptible qu’à travers sa vision fragmentée, parfois fantasmatique. Pour dire le monologue intérieur de Marguerite Duras, Mélanie Thierry scande les phrases de longs silences qui en accentuent la dimension incantatoire, hypnotique. L’actrice exprime avec intensité « le désordre phénoménal de la pensée et du sentiment » évoqué dans le préambule du roman. Elle est constamment crédible, trouve toujours la note juste, y compris dans les réactions les plus inattendues de son personnage. Retrouvez chaque jour notre Sélection TV, replay, Netflix, Youtube…