La dame de Shanghai, diffusion du 04/03/19

Arte
04/03/19 ~ 22:40 - 00:05

Vénéneuse histoire d'amour, de mort et de trahison. Welles dirige sa femme, Rita Hayworth, et invente des scènes d'anthologie, qui seront pillées cent fois par la suite. Critique : « Il est évident qu’on sentait venir le danger. Moi pas. » Ainsi commence l’un des polars les plus troublants de l’histoire du cinéma, aussi célébré aujourd’hui qu’il a été honni à sa sortie. On lui reprochait alors tout et n’importe quoi : l’intrigue, prétendument incompréhensible. Et les cheveux courts et blonds de Rita Hayworth ! Génial et inspiré, Welles fait pourtant de son épouse de l’époque un monument d’érotisme, qu’elle soit étendue, presque nue au soleil, ou sur le yacht de son mari, vêtue d’une casquette d’amiral et veste assortie… Comme à son habitude, il filme en très gros plan des visages et, à l’arrière-plan, des espaces infinis. C’est que les êtres humains, pour lui, restent des estropiés. Certains le sont au sens propre, comme l’avocat milliardaire, d’autres, comme Rita, au figuré, ourdissant des complots dans lesquels ils se piègent eux-mêmes. Conçu comme un cauchemar parfois grotesque, le film se justifie rien que par la célèbre séquence des miroirs. Une scène superbe où les méchants ne font que s’auto­détruire, en fait, dès lors qu’ils essaient de s’entretuer.