La Cour des comptes, diffusion du 01/03/19
En charge d'évaluer les politiques publiques, d'en sanctionner les abus et les dérapages, la Cour des comptes publie chaque année plus de 1200 rapports sur le fonctionnement de l'Etat et des administrations. Si l'impact de ses travaux est souvent spectaculaire, les méthodes d'enquête de ses magistrats restent en revanche largement mystérieuses. Ce documentaire en dévoile les arcanes, en suivant les magistrats de la Cour des comptes en coulisses, sur le terrain et au cours de leurs enquêtes. Au-delà du fonctionnement de la Cour, ce documentaire en immersion tente d'en cerner le rôle et l'impact sur les pouvoirs politiques et administratifs, ainsi que sur la société française. Critique : De jeunes gens jouasses, frais émoulus de l’ENA, s’apprêtent à prêter serment en robe de magistrat. Quelques plans plus loin, on retrouve l’un d’eux, cette fois en costard-cravate, en train d’asticoter un fonctionnaire des Finances. Entre contrôleurs et contrôlé, l’échange est courtois, mais la tension palpable. Depuis deux cent dix ans qu’elle contrôle l’utilisation des deniers publics, la Cour des comptes est devenue une vieille dame indépendante, aussi respectée que redoutée. Cette aura, le documentaire la montre bien. De même qu’il décrit son protocole empesé, l’atmosphère feutrée de son siège au Palais Cambon, ou, plus froide, des bureaux de Bercy. Il rappelle aussi comment son rapport annuel, « best of d’histoires d’argent jeté par les fenêtres », est instrumentalisé par les politiques. Et comment, quoique son président Didier Migaud s’en défende — « Le commentaire politique m’échappe complètement » —, elle est consciente de cette récupération. Quand elle n’orchestre pas elle-même les fuites… Mais une dimension manque à l’appel. L’enjeu démocratique qu’elle incarne, l’ampleur chiffrée de sa tâche, le nombre de lièvres qu’elle débusque, le suivi de ses rappels à l’ordre… ces aspects, délibérément occultés, auraient aidé à prendre un peu de hauteur.