Jalouse, diffusion du 27/02/19

Canal+
27/02/19 ~ 23:50 - 01:35

Plus rien ne va dans la vie de Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée. Depuis quelque temps, elle éprouve de la jalousie envers tout son entourage. En particulier sa fille, Mathilde, danseuse classique très prometteuse et couverte de louanges. Elle est tellement aigrie qu'elle n'hésite pas à mettre à mal la relation de la jeune femme avec Félix, son petit-ami. Au travail, elle s'énerve de l'arrivée de Mélanie, sa jeune et nouvelle collègue, qui vient de l'édition. Elle ne supporte pas que son ex-mari ait refait sa vie avec une femme plus jeune. Bref, elle se lamente au risque de perdre l'amitié de sa copine fidèle, Sophie... Critique : | Genre : comédie grinçante. Elle vous dira qu’elle ne l’est pas. Apparemment, Nathalie n’a que peu de raisons d’envier son prochain : encore très désirable à l’orée de la cinquantaine, professeur de philosophie en khâgne, elle devrait se réjouir de la beauté et des ­talents de danseuse classique de sa fille. Mais, justement, sa fille a 18 ans. Et qu’elle est jolie ! Et puis, il y a cette nouvelle collègue, si jeune et pleine d’idées, qui débarque dans son lycée : une ­petite garce arriviste, forcément. Quant à sa meilleure amie (Anne Dorval, parfaite), elle reste heureuse en ménage au bout de vingt ans de mariage, alors que Nathalie voit roucouler son ex-mari avec une autre… Nathalie ne contrôle plus son agressivité : à un certain stade de la vie, le bonheur et la réussite des autres deviennent-ils intolérables ? C’est une comédie à l’italienne : grinçante, volontiers mélancolique, elle s’attache, avec un beau sens du détail quotidien, à un « monstre », féminin pour une fois, auquel Karin Viard prête ses traits si familiers. Qui mieux que cette comédienne, sachant exprimer dans une même scène le froid et la tendresse, pour faire rire sur un sujet pas drôle, la dépression à cet âge charnière où l’on peut se sentir soudain ­désemparée, avec des enfants qui ont grandi, des parents déjà disparus, et aucune épaule sur laquelle s’appuyer ? La réussite de ce film coécrit et coréalisé par les frères Foenkinos, mordant mais empreint de solidarité féminine, apparaît particulièrement dans une scène de… cimetière : Nathalie y papote avec des mortes — des mères de substitution —, enfin sereine.