Guédelon, diffusion du 13/01/19
Le chantier de Guédelon, au milieu des bois touffus de Saint-Sauveur, au coeur de la Bourgogne profonde, ressemble à un saut dans le temps, à l'époque de Philippe Auguste. Sans engin mécanique moderne, avec les seules ressources et méthodes du XIIIe siècle, des hommes reconstruisent à l'identique un château fort : tandis que les forgerons fabriquent des clous, des bûcherons abattent des arbres, des potiers façonnent des dalles et des jarres, et de terre sortent des murailles, des voûtes, des escaliers, des tours et un pont en bois. Le savoir-faire des artisans et des différents corps de métier se mêle à l'expertise des archéologues. Gros plan. Critique : En 1997, au coeur des forêts de l'Yonne, a commencé une épopée bâtisseuse digne des Piliers de la Terre. Chaque printemps et chaque été, artisans et archéologues se retrouvent à Guédelon pour construire un château fort, d'après les vestiges d'un édifice du XIIIe siècle découvert sur le site de Saint-Fargeau. C'est la chronique d'une saison à Guédelon que propose ce film-gigogne, retraçant ce projet au très long cours (vingt-cinq années de travaux sont prévues) autant que la multitude de petits chantiers qu'il suscite. S'il est un mot pour caractériser le site et sa démarche, présenté comme « le plus grand laboratoire archéologique à ciel ouvert au monde », c'est bien celui d'expérimentation. De la chaux éteinte utilisée pour parer les murs de la chapelle aux canalisations en terre cuite nécessaires pour drainer les eaux pluviales, tout est fabriqué sur place, avec des matériaux locaux, au plus près des méthodes traditionnelles que les avancées scientifiques ont permis de reconstituer. Habitée de mars à novembre par une ruche industrieuse composée de maçons, de carriers, de potiers — tous vêtus à la mode du Moyen Age ! —, cette faille spatio-temporelle éclaire un pan souvent méconnu de l'archéologie moderne : la validation (ou l'invalidation) des théories et des hypothèses par la pratique et l'expérimentation. — Emilie Gavoille