Films noirs, diffusion du 26/02/19

France 2
Jusqu'à ce que la mort nous sépare
26/02/19 ~ 23:05 - 00:20

Annie vient de passer deux années en préventive à la maison d'arrêt des Baumettes. Elle a aimé, durant quinze ans, un homme bipolaire et violent. Un jour, elle l'a tué au cours d'une bagarre. En liberté conditionnelle, elle attend son procès d'assises. Chez elle, sous contrôle judiciaire, Annie vit en apnée, en proie à ses souvenirs et ses cauchemars. Une équipe a filmée cette mère de famille et ses trois enfants, prêts à livrer le récit de leur douloureuse histoire, durant ce temps, privilégiant l'écoute, alors qu'aucune vérité judiciaire n'a encore été prononcée. Critique : Annie, 61 ans, ex-cadre de la Banque de France, a vécu près de vingt ans avec Jacques. Déjà mère d’un petit garçon quand elle rencontre son futur mari, elle aura avec lui deux autres fils. Mais Jacques souffre d’une psychose maniaco-dépressive sévère. Cette bipolarité et son alcoolisme vont peu à peu envenimer la vie de ce couple installé dans les Bouches-du-Rhône. Tronçonneuse, hache… : l’homme a des accès de violence extrême envers sa famille. Dans d’effroyables corps-à-corps, il tente d’étrangler sa femme, qui porte, des semaines durant, un foulard pour camoufler les traces. En 2006, le couple se sépare et la situation semble s’apaiser. Pourtant, le 25 septembre 2010, Annie et Jacques se trouvent sur un bateau amarré dans le port de Bandol. Lors d’une énième altercation, c’est elle qui le tue en l’étouffant avec un coussin. Tous deux lauréats du prix Albert-Londres (respectivement en 2012 et 2010), Alice Odiot (Zambie, à qui profite le cuivre ?) et Jean-Robert Viallet (La Mise à mort du travail) souhaitent, au départ, travailler sur la question des liens intrafamiliaux (amour, ­entraide, haine…). Resserrant ses recherches, le binôme décide de s’intéresser à une famille passée par la case justice. Soutenue et protégée par ses trois fils, Annie est prête à parler. Sans jamais minimiser l’horreur de son geste, elle raconte le long chemin qui l’a menée vers cet homicide : l’amour, l’emprise, la maladie mentale, l’espoir de sauver l’homme qu’elle aimait, l’obsession de protéger ses enfants, le désespoir. Mettant volontairement de côté l’enquête judiciaire, la caméra avale les mots d’Annie, écoute ceux de ses enfants. Dérangeante parfois, bouleversante, la confession d’Annie a été tournée en 2015, avant son procès. Depuis, en mai 2018, la prévenue a été condamnée à cinq ans de détention pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».