Don Giovanni, diffusion du 03/02/19

France 3
03/02/19 ~ 00:40 - 03:40

A Séville, au XVIIe siècle. Don Giovanni tente en vain de séduire la fille du Commandeur, Donna Anna. Les cris et le courroux de celle-ci attirent le Commandeur dans le jardin, où tout à la protection de sa fille, il tire son épée et provoque Don Giovanni en duel. Le Commandeur est mortellement blessé, Don Giovanni et son valet Leporello prennent la fuite. Donna Anna, toute à sa douleur, fait jurer à son fiancé de venger la mort de son père. Don Giovanni, quant à lui, est en quête d'une nouvelle aventure. Il rencontre une femme qui se répand en lamentations car elle a été abandonnée. Voulant la réconforter, il reconnaît son épouse, Donna Elvira, et la quitte précipitamment. Leporello, pour la consoler, lui dresse alors la liste de toutes ses compagnes d'infortune, comme elle délaissées... Critique : Ce Don Giovanni implacable annonce d'emblée la couleur : blanc et noir. Blanc nuptial des draps et des voiles de mariée, noir de deuil des chambres funéraires où les morts attendent leur incinération. Metteur en scène de ce dramma giocoso monté comme une chronique allègre des années sida, Stéphane Braunschweig a voulu que la sexualité affranchie du libertin ne s'affiche jamais sans son prix à payer : la mort. De l'alcôve à la chapelle ardente, du lit de débauche au chariot d'hôpital, le décor tournant du plateau, qui enchaîne les tableaux avec une fluidité toute musicale, revient toujours sur cette butée inexorable : la mort pour rançon du plaisir. Eros et Thanatos mènent la danse — pas de deux inégal, menuet grinçant, que la battue explosive de Jérémie Rhorer précipite, dans les finales, en course vertigineuse à l'abîme. Silhouette agile de lycéen toujours prêt à faire le mur, le libertin adolescent de Mar­kus Werba est d'ailleurs un fêtard pressé. Un flambeur-flambard jamais las, qui se prépare à ses frasques par des séances de massage dans sa salle de bains, et par quelques pilules (ecstasy ou Viagra) avalées d'un coup sec. Moins le double de son maître que son envers, le Leporello beau gosse de Robert Gleadow, mi-solidaire, mi-désabusé, freine en vain cette descente forcenée en enfer — que symbolisent les flammes rougeoyantes d'un four de crémation. L'amer triomphe de la morale bourgeoise est adouci par la ­volupté du chant (voix masculines comme féminines) et le faste coloré du Cercle de l'Harmonie, d'une opulence claire et chaude, digne d'un Véronèse. — Gilles Macassar