Des roses pour le procureur, diffusion du 07/09/20

Arte
07/09/20 ~ 12:35 - 14:35

Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour avoir volé deux tablettes de chocolat, Rudi Kleinschmidt, un simple soldat, passe en cour martiale et est condamné à mort. Le procureur général Wilhelm Schramm pense devoir imposer cette peine maximale pour maintenir la discipline. Sur le point d'être exécuté, Kleinschmidt réussit cependant à s'évader, à la faveur d'une attaque aérienne. Dix ans plus tard. Rudi, devenu un marchand ambulant, reconnaît Schramm, qui à l'époque avait plaidé contre lui. Celui-ci s'apprête à aider un antisémite notoire à quitter le pays. Plus tard, Rudi perd malencontreusement sa licence de marchand... - Critique : | Genre : Nazi, vous avez dit nazi ? Le miracle économique et le déni du passé nazi ont correspondu, durant les années 1950, à un cinéma populaire allemand au comble du cynisme : on produisait des remakes des succès du IIIe Reich, expurgés de leur idéologie ! En réaction, Wolfgang Staudte se livre à un examen critique du passé et du présent avec Des roses pour le procureur. Ces fleurs, le juriste Schramm — arrivé là en affichant son antinazisme — se les fait offrir pour avoir épaulé en secret un antisémite notoire. Le même jour, ce tartuffe tombe nez à nez avec un miraculé, Rudi. En 1945, lorsqu’il était un juge militaire hitlérien, Schramm l’avait fait condamner à mort pour avoir acheté du chocolat au marché noir. Le zélote maintenait ainsi la hauteur morale et la discipline allemandes ; quinze ans après la capitulation, il n’a pas changé. Dans certaines scènes, des sosies des principaux nazis (Hitler, Himmler, Goebbels et Bormann) lui apportent même un soutien moral. Wolfgang Staudte tire donc une tragi-comédie d’une insolence magistrale du jeu du chat et de la souris qui débute entre ce bourreau, nerveux et lâche, et sa victime, désabusée mais chevaleresque comme le faux coupable cher à Hitchcock. Avec vélocité et une sentimentalité étonnamment bien placée, Staudte n’en réussit que mieux son miroir déformant d’une société répressive, opportuniste et grotesque (on se croirait chez Mocky). Visionnaire, il laisse aussi le dernier mot à la progéniture de ces ex-nazis qui tentent de s’inventer un esprit démocratique. Ces enfants qui, dans les années 1960, traîneront leurs parents en justice. — Julien Welter