Dérapages, diffusion du 23/04/20

Arte
23/04/20 ~ 20:50 - 21:40

Saison:1 - Episode:2 - Une fausse prise d’otage : voilà à quoi Alain Delambre doit participer pour décrocher le job tant convoité. Pour Nicole, cela revient à servir les méthodes de management inhumaines qui l'ont mis au chômage. Mais Alain est déterminé à mettre toutes les chances de son côté, suscitant la stupeur de sa famille. Pour se préparer au jeu de rôles organisé par Exxya, il fait appel aux services d'un ancien mercenaire, qui lui enseigne le b.a.-ba d’une prise d'otage, et sollicite son ami Charles, alcoolique à la dérive mais informaticien de talent, pour hacker le serveur de l'entreprise. La veille du jour J, Alain apprend qu’il n'est qu’un faire-valoir et n'a aucune chance. Sa colère monte d'un cran... - Critique : « J’ai jamais été un homme violent. Je n’ai jamais voulu tuer personne […]. Quand j’ai compris à quel point j’étais en colère, j’ai pris peur, mais c’était trop tard. » Éric Cantona, collier de barbe et tricot de peau sans manches sur tatouages, nous parle face caméra. Pardon… Alain Delambre, cadre senior au chômage, nous raconte, dans une construction ingénieuse de flash-back, comment il en a eu marre de multiplier les jobs ingrats pour faire face à la précarité, et espérer, en vain, repeindre les murs lépreux de l’appartement familial acheté à crédit. L’espoir peut être fatal : lorsqu’un cabinet de recrutement lui propose une sale mission pour une grosse multinationale, il accepte, mais, cette fois, il arrivera armé… On plonge sans réserve dans cette série qui mêle polar social, drame familial et chronique judiciaire, à condition d’adhérer à ses deux postulats puissants : un ton pamphlétaire, mais gorgé de dérision, porté par la voix et tout le corps d’un Cantona quasi schizophrène (chef de famille affolé d’un naturel confondant et vengeur social soliloquant), et une peinture effrayante, outrée, du cynisme libéral qu’incarne Alex Lutz en pdg glaçant. Avec sa mise en scène tout en lignes de fuite et en décors vitrés à la Michael Mann, ce thriller finit, surtout, par dessiner le passionnant portrait d’un homme ordinaire, pris dans une folie de terre brûlée, de non-retour, et rendu sourd à l’amour de ses proches par un système broyeur d’ego.