Centrales nucléaires, démantèlement impossible ?, diffusion du 28/02/19

LCP
28/02/19 ~ 20:30 - 21:30

De la France aux Etats-Unis, en passant par l'Allemagne, les pays qui ont misé sur l'énergie nucléaire se trouvent aujourd'hui confrontés à un nouveau défi : le démantèlement de leurs centrales vieillissantes ou définitivement mises à l'arrêt. Voici quarante ans, leurs concepteurs, tout à leur enthousiasme, n'avaient pas prévu que, devenus trop vieux et donc dangereux, ces réacteurs devraient être un jour démontés, et qu'il faudrait stocker leurs déchets hautement radioactifs. Si les opérateurs et les autorités de la sûreté nucléaire assurent pouvoir maîtriser ce processus de démantèlement, la réalité est tout autre. Critique : Tandis que France et Allemagne divorcent sur les choix énergétiques, la chaîne franco-allemande fouille dans les poubelles de cette énergie qu'on a qualifiée de « propre ». A travers une tournée des centrales nucléaires en fin de vie et de centres de stockage des déchets, aux Etats-Unis, en France et en Allemagne, le réalisateur Bernard Nicolas (France Télécom, malade à en mourir) donne la mesure d'évidences affolantes : on ne sait pas si l'on est capable de démanteler nos centrales, et aucune solution de stockage des déchets, même les plus sophistiquées, tel l'enfouissement en grande profondeur, n'est sûre. Démanteler n'est ni démonter ni déconstruire, explique le physicien Jean-Louis Basdevant. C'est manipuler et stocker une à une toutes les pièces d'un puzzle complexe, dont certaines restent dangereuses durant des centaines de millions d'années... Dans le monde du nucléaire, il faut donc entendre « provisoire » par « sans limite de durée ». Les fûts entreposés « provisoirement » sur le site de Maine Yankee, aux Etats-Unis, ne sont pas près de trouver leur dernière demeure. Le coût aussi est sans limite : les Allemands dépensent des fortunes pour colmater les fissures béantes de la mine de sel d'Asse, et ses fûts éventrés de plutonium, cobalt, strontium. La déconstruction en cours de Brennilis, en Bretagne, a déjà englouti vingt fois plus d'euros que prévu... Dans ces deux pays, les projections des coûts de démantèlement varient de quelques dizaines à quelques centaines de milliards... De quoi plomber « sans limite de durée » les générations à venir. — Catherine Cabot