Autopsie d'un scandale politique : l'écotaxe, diffusion du 05/01/19

LCP
05/01/19 ~ 21:00 - 22:00

L'histoire de l'écotaxe, est celle d'un naufrage : naufrage financier, naufrage de la volonté politique et, par-dessus tout, naufrage de l'intérêt général. Née en 2007 dans l'euphorie du Grenelle de l'environnement et votée dans une belle unanimité politique en 2009, l'éco-redevance kilométrique devait financer l'utilisation et l'usure du réseau routier selon le principe du pollueur payeur. En France, la taxe s'est heurtée au poids des corporatismes et illustre à bien des égards la faillite d'une politique publique dont tout le monde saluait pourtant l'ambition et la vertu. Votée par la droite puis reprise par la gauche en 2013, l'Eco taxe n'a cessé d'être retardée, rebaptisée, reformatée pour être suspendue sine die en octobre 2014 sous la menace d'un nouveau blocage des chauffeurs routiers. Une aventure qui coûtera un milliard d'euros aux contribuables. Critique : Elle devait nous permettre de respirer mieux. Elle a fini étouffée sous la pression des transporteurs routiers, des Bonnets rouges bretons et des tirs croisés des élus dénonçant « le matraquage fiscal », « l’écologie punitive » ou « l’usine à gaz ­administrative »… Comment l’écotaxe, cette mesure pourtant votée à l’unanimité par les députés au lendemain du Grenelle de l’environnement pour lutter contre la pollution du transport routier, a-t-elle pu achever sa route dans le fossé, au terme d’une succession de zigzags et de rétropédalages des gouvernements successifs ? C’est cet hallucinant feuilleton, fait de renoncements, de lobbying et d’instrumentalisation des politiques, que narre avec une précision minutieuse et limpide Ella Cerfontaine. L’affaire court sur une décennie, de 2007 à 2016, et deux mandatures présidentielles — Sarkozy puis Hollande. Dix ans qui ont vu naître et mourir cette redevance écologique imaginée pour taxer les poids lourds empruntant les routes françaises, selon le principe du « pollueur-payeur », afin de mieux financer les transports de marchandises alternatifs. Un fiasco environnemental mais aussi financier, qui coûtera à l’Etat 1,2 milliard d’euros. Avec une franchise louable et un degré d’amertume variable selon les intérêts qu’ils défendaient, les acteurs et les témoins de cette rocambolesque histoire livrent leur version. Et éclairent, de manière édifiante, les coulisses de la décision politique. Une triste allégorie de la difficulté à transformer les idées vertueuses en actions.