Adam, diffusion du 08/09/20

Canal+
08/09/20 ~ 21:49 - 23:27

Dans un Maroc où avoir un enfant hors mariage est illégal, Samia, enceinte, erre jusqu’à trouver la porte ouverte d’Abla. Elle demande du travail à cette veuve, propriétaire d'une pâtisserie et mère d'une fillette de 8 ans. Abla refuse mais finit par avoir pitié de la jeune femme qui dort dans la rue. Samia s'avère bonne patissière et ses gateaux se vendent bien. Les deux femmes tentent de cohabiter tant bien que mal. Samia envisage d'abandonner son enfant, car elle sait que la société n'acceptera pas qu'elle élève son enfant sans être ou avoir été marié avec le père. De son côté, Abla tente de réapprendre à vivre après le décès de son époux... - Critique : Samia, une toute jeune femme enceinte, cherche dé­sespérément un travail et surtout un endroit pour dormir dans la Médina. Abla, qui habite derrière sa petite échoppe de pâtisserie, d’abord, la rabroue : cette veuve revêche, mère de la petite Warda, ne veut pas d’ennuis en recueillant une fille-mère sans mari. Elle finit par lui offrir un lit et par accepter son aide pour confectionner de nouveaux gâteaux. Avec Samia, la vie et la musique entrent, à nouveau, dans la maison… Après des courts métrages et des documentaires engagés, et sa superbe interprétation dans Razzia, coécrit avec son mari Nabil Ayouch, la Marocaine Maryam Touzani passe au long métrage avec cette ode à la sensualité et à la connivence féminines. Enrober son sujet — l’enfer des grossesses hors mariage au Maroc — de sucre et de beurre ne le rend pas moins brûlant. Les clairs-obscurs caressent les visages et les cheveux des femmes, retenus sous des foulards, les magnifiant comme des Vermeer du Maghreb ou des madones à l’enfant. Tout est naissance et renaissance dans ce gynécée : soudain, quand Samia (Nisrin Erradi, intense) force Abla à réécouter une chanson symbolique de son passé heureux, l’actrice Lubna Azabal offre une bouleversante transe d’exorcisme au deuil. La réalisatrice croit en un mouvement, un changement possible, dans cette société encore si patriarcale, et il s’incarne en Warda, la délicieuse gamine pleine de peps, dont les regards deviennent des fils invisibles tendus entre les deux héroïnes, et vers l’avenir. Le seul homme du film ? Comme dans la meilleure des comédies romantiques, ce joli personnage d’amoureux transi lâche littéralement son sac de farine tant il est subjugué par la séduction, à nouveau assumée, d’une femme… Avec Adam et sa manière de traiter le social au plus près de la chair, Maryam Touzani célèbre orgueilleusement les Ève de Casablanca.