Voici le temps des assassins

France 3
04/06/20 ~ 13:05 - 15:05

Pour la première fois Gabin incarne un colosse aux pieds d'argile, qu'une petite garce au visage d'ange va détruire. Julien Duvivier plonge le héros du cinéma d'avant-guerre dans un enfer naturaliste hallucinant. Noir, très noir. - Critique : | Genre : Gabin désarmé. Cinéaste qu’aucun genre n’a rebuté, Duvivier part d’un tableau réaliste (du moins considéré comme tel en 1956) : le quotidien d’un restaurant gastronomique des Halles, dirigé par un Jean Gabin paternaliste comme personne. Ce préambule exerce un tel charme que l’intrigue, noire et rocambolesque, semble presque commencer trop tôt, de même que le personnage de jeune orpheline (Danièle Delorme) par qui le mal arrive paraît trop simple. Loin de toute vraisemblance, le film s’emballe alors en un ténébreux tourbillon de mensonges, de menaces, de complots et d’ignominies. Duvivier délaisse l’ordre et la lumière de la salle du restaurant pour scruter en virtuose la pénombre des hôtels miteux et la noirceur des âmes. Son étude de la méchanceté humaine donne lieu à d’hallucinantes images, aux franges de la fantasmagorie. Témoin et victime de cette conspiration du vice, Jean Gabin, magnifique, abdique ses pouvoirs de séducteur d’avant guerre pour devenir un homme comme les autres, le verbe haut mais le cœur facile à berner.