Quatre rois
Pour des problèmes de dépendance, d'agressivité, d'automutilation ou de traumatismes, quatre ados sont admis dans un hôpital psychiatrique et pris en charge par le docteur Wolff, un psychiatre aux méthodes peu conventionnelles qui voit en chacun d'eux des forces et des qualités qu'ils ne soupçonnaient pas... - Critique : Son insolence foncière et son air bravache dissimulent un mal-être insondable. L'insensibilité affichée par Lara ne saurait désarçonner le docteur Wolff. Accoutumé aux provocations de la blondinette aux lèvres amarante, le psychiatre bienveillant fait le pari de prolonger l'hospitalisation de cette jeune fille en détresse, qu'il exhorte à passer les fêtes de Noël dans son service. Aux côtés de trois autres patients, atteints comme elle de troubles psychiques, Lara va éprouver le lent cheminement vers la reconquête de soi. Des séances de thérapie de groupe aux fuites éperdues, la réalisatrice restitue la fébrilité, la rudesse et les assauts de violence de post-adolescents en lutte contre eux-mêmes. Du colosse vindicatif, hargneux à l'égard de son père adoptif, au déraciné mutique et timoré, sa fiction cerne en gros plans des fragments de vies contemporaines. Flirtant avec la forme documentaire, elle donne à voir les solitudes et les errances de ceux qui, à l'orée de l'âge adulte, échouent à s'émanciper d'un lourd passé. Ce premier long métrage entremêle envolées lyriques et séquences brutes, filmées à la manière d'un journal vidéo. L'ensemble n'est pas exempt de maladresses. Mais dans ses imperfections mêmes, le téléfilm sécrète une vérité douloureuse et une verdeur qui coïncident à la perfection avec le désarroi des protagonistes. — Hélène Rochette