Papicha

Canal+
07/01/21 ~ 01:59 - 03:43

Alger, les années 1990. Nedjma, étudiante en 3e année de français à la faculté, est éprise de liberté et passionnée par le stylisme. La nuit, elle s'évade de sa Cité Universitaire avec son amie Wassila pour aller en boite de nuit où elle vend ses robes dans les toilettes. Une chape de plomb s'est en effet abattu sur le pays. Les femmes doivent désormais revêtir le "le hidjab de la musulmane". Mais Nedjma, qui n’a pas envie de quitter un pays qu’elle aime, ne veut pas courber l'échine. Sa vie bascule que sa sœur, une journaliste engagée, est assassinée. Dévastée, elle décide néanmoins d’organiser à la Cité Universitaire un défilé de mode... - Critique : Mounia Meddour a ­quitté l’Algérie en 1995, à 17 ans et à contrecœur. Comme d’autres artistes et intellectuels, son père, ciné­aste, était menacé par les intégristes en guerre contre le gouvernement. Plus de vingt ans après ce déracinement, la réa­lisatrice ­restitue intacte la colère de la jeu­ne Mounia dans son premier film de fiction, en grande partie autobiographi­que. L’histoire de Nedjma et de ses amies, jeu­nes et femmes dans une décennie noire. Comme une ultime preuve de cette liberté que les islamistes veulent lui ôter, l’aspirante styliste décide d’organiser un défilé de mode dans la cité universitaire où elle réside. Ses robes seront taillées dans des hijabs. Déjà remarquée dans la série Les Sauvages (2019), Lyna Khoudri, interprète de Nedjma, impressionne. L’aréopage d’actrices qui l’entoure, aussi : par sa mise en scène énergique, au plus près des corps et des visages, le film capte leur vitalité bruyante, presque brutale. Comment résister à la rage de vivre et d’aimer de ces papicha (« jolie fille », en algérois), à l’insolence scintillante de leur jeunesse tout en chevelures et bouches carmin ? Leurs échappées dangereuses dans la nuit d’Alger, vibrante de risques et de promesses, recèlent la part universelle du film : le désir fou de se sentir en vie.