Médecines alternatives et cancer : un commerce lucratif

Arte
21/02/19 ~ 06:15 - 07:10

Pour combattre le cancer, un thérapeute préconise la «galvanothérapie» -des ondes positives qui détruiraient les tumeurs-, tandis qu'une clinique prétend faire des miracles en travaillant uniquement sur le psychisme et les régimes alimentaires. Une guérisseuse prie en araméen une Vierge noire, quand d'autres prônent le recours au dioxyde de chlore ou à la vitamine B17, contenue dans les noyaux d'abricots. Claudia Ruby explore ici les pratiques frauduleuses qui prospèrent sur le dos des malades du cancer. Des oncologues, avocats et proches de patients décédés tentent aujourd'hui de voir aboutir leurs plaintes, mais leur chemin est semé d'embûches. Critique : Elles prospèrent sur le désespoir et les failles de la médecine conventionnelle. Galvanothérapie, incantations, lavements­ au café... Présentées comme des ­recettes miracles pour soigner les cancers, les ­thérapies alternatives pullulent sur le Net, et, souvent, masquent d'énormes escro­queries qui mettent en danger les patients. Accompagnée d'un collègue qui, pour les besoins de la démonstration, se fait passer pour un malade, la journaliste Claudia ­Ruby sillonne l'Allemagne, de congrès de guérisseurs en cabinets de naturopathie, afin d'évaluer, par elle-même, quelques-unes de ces méthodes. Les afféteries formelles frôlent le mauvais goût (images prétextes, reconstitutions ridicules de séances de « guérison » réalisées hors caméra), et le commentaire joue de manière trop appuyée sur la corde sensible. Mais ce bilan, étayé par des témoignages de familles de ­victimes et de médecins, n'en reste pas moins instructif. Il éclaire la démarche de malades démunis, mais aussi l'aspect sectaire de courants alternatifs (médecine nouvelle germanique) qui jouent sur la culpabilisation des patients (à qui l'on explique qu'ils se sont fabriqué leur ­cancer eux-mêmes). Des méthodes d'emprise qui, la plupart du temps, échappent à la sanction des tribunaux, tant il est ­difficile de prouver que les plaignants ­auraient vécu plus longtemps avec un traitement classique. Un tour d'horizon très noir, contrebalancé toutefois dans la séquence finale : on y voit la manière dont, à la clinique d'Essen, cohabitent techniques alternatives et chimiothérapies. Dangereuses lorsqu'elles se substituent aux protocoles hospitaliers, certaines médecines douces peuvent, en revanche, les accompagner, et s'avérer efficaces dans le traitement de la douleur. — Hélène Marzolf