L'heure de la sortie

Canal+
09/04/20 ~ 23:55 - 01:35

Au collège de Clerval, près d'Orléans, Eric Capadis, jeune professeur d'histoire géographie, vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de sa classe. Il est aussitôt remplacé par Pierre Hoffman. Dès qu'il se rend dans sa nouvelle classe composée d'élèves surdoués, il ne tarde pas à y déceler des comportements étranges. Il leur demande comment ils envisagent leur avenir. Il est abasourdi par le nihilisme de leurs réponses. Anormalement disciplinés, soudés, légèrement apathiques, ces préadolescents dégagent une hostilité indéfinissable, une violence sourde. Pierre Hoffman est bientôt la cible d'appels téléphoniques anonymes... - Critique : Du même réalisateur, Irréprochable (avec Marina Foïs) souffrait d’une certaine redondance, film méchant sur une fille méchante. L’Heure de la sortie est plus trouble et plus ouvert. Un équilibre s’installe entre les forces en présence. Car le héros, prof remplaçant, n’est pas seulement déstabilisé, puis harcelé par une petite bande d’adolescents hors norme — classe de troisième pilote d’un établissement privé huppé. Il en devient aussi le spectateur fasciné. Il les suit, à ses heures perdues, loin du collège, avec des intentions obscures. Il espionne leurs activités, d’abord indéchiffrables, entre la secte informelle et les jeux morbides. Les élèves, eux, semblent venir tout droit du Village des damnés, classique de l’épouvante signé Wolf Rilla (1960) : très en avance sur leur âge, impassibles et résolument hostiles. Le réalisateur donne, en plus, un fort écho sociologique à leur attitude. Ils sont les enfants d’un monde qui ne croit plus au progrès mais seulement à l’imminence des catastrophes écologiques, sanitaires, terroristes. Leur pulsion de mort devient la grande affaire du film et entretient le suspense. D’autant que le prof malmené tend à se comporter comme s’il avait encore un pied dans cette noirceur adolescente, au-delà de ses élans protecteurs. Sur le dénouement, peu banal dans le cinéma français, plane alors l’ombre majestueuse de Take Shelter (Jeff Nichols, 2011), référence récente en matière de fiction paranoïaque. Ou extralucide.