Les nuits de Cabiria

Arte
28/12/20 ~ 22:20 - 00:10

Après La Strada, Giulietta Masina incarne une prostituée au bagout proportionnel à son grand cœur. Un hymne à la femme et à l'espoir par un Fellini à l'onirisme déjà très inspiré. - Critique : Qui est ce brin de fille, chaton mouillé repêché dans le Tibre ? Cabiria, une prostituée dans les faubourgs de Rome, défaite, blessée, malmenée. Son petit ami l’a poussée dans le fleuve pour la voler. Un acteur égoïste l’oublie après l’avoir levée. Même la Sainte Vierge s’en fout, qui reste sourde à ses prières. Tant pis. Après chaque chute, Cabiria se relève et attend bravement son miracle. Ébouriffée, bagarreuse et candide, inoubliable bouille de farfadet aux yeux brûlants, la Masina crève les cœurs et l’écran. C’est la deuxième fois, après La Strada, qu’elle tourne sous la direction de son mari. Encore sous influence néoréaliste, Fellini la lâche dans un monde de misère, de béton brut et de terrains vagues, écrasé par un soleil qui dessèche tout, y compris les rêves d’avenir. La nuit, dans l’ombre des trottoirs ou chez les gens riches, l’illusion reprend ses droits. Comme dans cette scène fantastique où, dans un théâtre miteux, un magicien hypnotise Cabiria pour lui faire croire à l’amour. Ce moment annonce le Maestro onirique et fantasque que Fellini est en train de devenir, celui d’Amarcord. Sur la musique de Nino Rota, c’est tout un condensé de son œuvre future, marginaux tonitruants et gagneuses aux seins lourds, qui défile en arrière-plan.