Les déracinés : l'Europe en 45

France 5
04/03/19 ~ 03:20 - 04:15

L'Histoire n'a retenu, de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, que les éclats de joie du 8 mai 1945. Pourtant, elle ne se résume pas à l'immense euphorie de la paix retrouvée. Décidé par les accords de Yalta, puis entériné lors de la Conférence de Potsdam en août 1945, avec la volonté de modeler des pays avec des populations homogènes afin d'éviter les conflits, le déplacement de plus de quinze millions d'habitants dans les pays à l'est de l'Allemagne allait chasser de leur terre des hommes, des femmes et des enfants, coupés de leurs racines. Alors que la communauté internationale prétendait établir un monde nouveau basé sur la coexistence pacifique et le respect des Droits de l'Homme, l'arbitraire et l'injustice triomphaient. Critique : Des conférences de Yalta et de Potsdam, ils furent les perdants, sacrifiés sur l'autel des ambitions territoriales et politiques des Alliés — Soviétiques en tête. Pour bien des civils d'Europe de l'Est — Polonais d'Ukraine, Allemands des Sudètes ou de Prusse-Orientale... —, la fin de la Seconde Guerre mondiale ne signe que le ­début d'un nouveau calvaire, celui du déracinement. Victimes d'une des plus grandes parties de dominos qu'ait connue l'histoire européenne au travers des siècles, quinze millions de ­personnes sont ainsi déplacées, arrachées à leur histoire pour entériner la création d'Etats « ethniquement homogènes ». « L'expulsion sera la plus satisfaisante et la plus durable des méthodes. Nous mettrons fin à ces mélanges de populations qui sont la source de problèmes sans fin », préconisait ainsi Churchill. Jetés sur les routes par l'Armée rouge quand ils n'étaient que des enfants ou embarqués avec leurs familles dans les trains qui, quelques mois auparavant, convoyaient les déportés vers les camps de la mort, une dizaine de témoins relatent cet exil au travers de leurs souvenirs personnels. Un récit sensible et amer, pas souvent entendu dans le camp des vainqueurs. — Emilie Gavoille