Le secret de la chambre noire

Arte
24/08/20 ~ 21:30 - 23:35

Un photographe met son modèle en danger, dans une banlieue française. Le maître japonais du fantastique joue subtilement avec les lieux et les ambiances. - Critique : | Genre : beaux fantômes. A 60 ans passés, Kiyoshi Kurosawa tourne pour la première fois hors du Japon. Le décor est un manoir bourgeois décati du xixe siècle, près de Paris. Un lieu entre deux mondes : la splendeur et la ruine, le cocon et la prison, la réalité et le surnaturel. C’est là que Stéphane, un photographe de mode en quête d’absolu, tente de réaliser le daguerréotype parfait. Cette technique pionnière de la prise de vue nécessitait l’immobilité totale du sujet pendant plusieurs minutes. Pour s’en assurer, Stéphane a mis au point une machine aux allures d’instrument de torture. Quitte à mettre en danger la santé de sa fille. A plusieurs reprises, les escaliers craquent, les rideaux ondulent sous le souffle d’une brise soudaine, comme si une présence invisible se manifestait. Kurosawa reprend les codes de la maison hantée, mais avec sobriété. Chez lui, le fantastique se matérialise toujours avec un minimum d’effets pour un maximum d’efficacité. Une légère variation d’intensité lumineuse, un décadrage presque imperceptible, quelques notes de musique (superbe partition de Grégoire Hetzel) suffisent. Le cinéaste met en scène la fille du ­photographe comme une apparition fugitive, puis comme une illusion. Avec son visage de madone, ses costumes anachroniques, Marie semble condamnée à appartenir à plusieurs époques à la fois. Grâce à son mystère, ce film fantastique très réussi devient une grande tragédie romantique.