La peine du talion

Arte
14/07/20 ~ 14:05 - 15:45

Ex-colonel de l'armée nordiste, Owen Devereaux est nommé juge dans une petite ville du Colorado à la fin de la guerre de Sécession. Le capitaine Del Stewart, son ancien adjoint et meilleur ami, obtient le poste de shérif. Caroline Emmett, la fiancée de Devereaux, cache difficilement son attirance pour Stewart. Devereaux, déjà fragilisé par les traumatismes vécus lors des combats, ne supporte pas ce qu'il ressent comme une trahison et sombre dans une rage incontrôlable. En tant que juge, il fait régner la terreur dans la région. Bientôt, les mineurs dépossédés de leur concession se révoltent... - Critique : Avec La Haine des desperados (1969) et Jicop le proscrit (1957), La Peine du talion fait partie des meilleurs westerns de Henry Levin, faiseur à la filmographie pléthorique. Le mérite revient ici moins à sa mise en scène carrée qu’au script ramassé de Borden Chase, grand scénariste du genre — auteur, également en 1948, de La Rivière rouge. Combinaison de dialogues acérés et d’enjeux captivants, il raconte la rivalité (amoureuse), à la fin de la guerre de ­Sécession, entre un colonel devenu juge (Glenn Ford) et un capitaine devenu shérif (William Holden). Le film se soucie en particulier du sort des vétérans, la guerre civile américaine renvoyant, bien sûr, à la Seconde Guerre mondiale. Il décrit comment la justice balbutiante du Colorado prive des mineurs-soldats de leur concession après le conflit, en vertu d’une loi fédérale inique. Ou comment les grades des militaires démobilisés continuent de faire autorité dans la vie civile. Autre point fort : le magistrat tueur, traumatisé par les combats, personnage typique de l’influence psychanalytique alors en vogue à Hollywood. L’interprétation délibérément hiératique de Glenn Ford en fait presque un méchant de cinéma fantastique, comme pétrifié quand il passe à l’acte.