La chambre bleue

Arte
10/04/20 ~ 00:45 - 02:00

Dans une ville de province, la liaison adultère entre Julien, un père de famille, et Esther, la femme du pharmacien, mène au fait divers. Un polar adapté de Simenon, finement construit en puzzle aux pièces dispersées. - Critique : Entre Tournée et Barbara, Mathieu Amal­ric s’essayait au film policier. Dans une petite ville, Julien, homme marié et père de famille, a une relation avec Esther, une amie d’enfance. Ils se rejoignent dans une chambre d’hôtel, bleue. Liaison filmée comme en rêve, mais bien réelle… Ellipse. Incarcéré, Julien est interrogé. De quoi l’accuse-t-on ? Qui est mort ? Très élaboré, le récit est un puzzle. Chaque séquence, courte et captivante, crée le suspense et suggère l’enfermement. Une passion a tourné à l’obsession dévorante. On ne cesse de « cuisiner » Julien, mais lui-même semble s’interroger en permanence. La force de cette Cham­bre bleue est de rendre contagieuse cette passion entre Julien et Esther. On a souvent l’impression que tout le monde est interdit, hagard. Il y a de la stupeur dans chacune des scènes : face au caractère indéchiffrable des événements, mais aussi face au mystère du sexe — insert audacieux que ce pubis en gros plan ! À la fin de l’enquête, bien malin qui peut désigner le coupable. Esther tient autant de l’amoureuse illuminée à la voix douce que de la manipulatrice. Julien, à la fois spectateur et acteur, apparaît tour à tour comme une victime consentante et un faux innocent parfait. Dans tous les cas, un homme que le sexe a mis hors de lui.