Elégie pour un phare

Arte
30/03/19 ~ 01:45 - 02:45

A la mort de son père, Dominique de Rivaz se rend dans le Grand Nord russe, à la découverte d'un phare situé dans un port englouti par le sable. Critique : Un phare comme la métaphore d'un père, condamné à être fermé comme l'était à mourir le père de Dominique de Rivaz. Un père défunt qu'elle pleure, en imaginant sa propre douleur cousine du chagrin du gardien de ce phare, disparu après avoir couché dans son journal : « J'ai éteint le phare ce matin et j'ai jeté la clef. » C'est un voyage en soi que nous propose, à sa manière, la cinéaste suisse. En soi autant qu'à la rencontre de ce phare situé au-delà du cercle polaire arctique, dans un hameau ensablé du nord de la Russie, pressenti comme le lieu possible de son deuil. Rares sont les documentaires à prendre au mot une métaphore pour broder sur elle. Au mot et à l'image, que Dominique de Rivaz traite avec un sens poétique indéniable mais un peu appuyé. Les beaux moments et les beaux plans ne manquent pas dans Elégie pour un phare ; la pesanteur ne lui fait pas non plus défaut. Mais, en s'ouvrant à la beauté du monde où l'a menée sa peine, la cinéaste élargit peu à peu son point de vue et l'optique d'un film qui recèle un certain pouvoir d'envoûtement, à défaut de vous emballer. — François Ekchajzer