Dictatorship : machisme à l'italienne

Arte
14/03/20 ~ 02:30 - 03:55

Pourquoi le patriarcat italien est-il si solide ? Au cours d'un périple qui les mène de Rome à Venise et de Milan à Padoue, avant de les conduire jusqu'à Barcelone, en Espagne, les deux coréalisateurs dialoguent et interrogent ensemble des spécialistes sur des questions aussi variées que la virilité, les ressorts culturels de la domination masculine, le mythe du «latin lover», la sacralisation depuis Mussolini de la famille et de la figure de la mère, ou encore les provocations sexistes de Silvio Berlusconi. - Critique : Gustav, Italien volubile, soutient mordicus que son conjoint, Luca, est un indécrottable macho. Il le met au défi de se défaire une fois pour toutes de ses idées misogynes, au cours d’un périple qui les mène de Rome à Venise, de Milan à Padoue. Le couple de réalisateurs Gustav Hofer et Luca Ragazzi — qui avaient signé ensemble déjà une enquête remarquée sur l’homophobie, puis une autre sur la xénophobie en Italie — s’amuse ici à mettre en scène leurs différences : dans leur cuisine ou leur chambre à coucher, ils s’emparent avec humour du rôle qu’ils se sont chacun attribué. Si tout au long de ce documentaire on se dit que les Français, question machisme, sont eux aussi logés à bonne enseigne, des archives télévisées nous rappellent que les dérives machistes ont été d’une violence atterrante dans l’Italie de Mussolini, celle de Berlusconi et aujourd’hui encore dans celle de Salvini. « La testostérone ne provoque pas la violence. Elle ne la rend possible que si la cible apparaît comme légitime », explique le sociologue Michael Kimmel. « Il faut commencer à voir la violence de l’homme envers la femme comme un problème culturel. C’est une question de pouvoir », renchérit la thérapeute Nicoletta Malesa. Si le sujet est grave, les deux réalisateurs ont opté pour la légèreté. C’est dans la bonne humeur qu’ils nous démontrent — expériences à l’appui — que ce n’est pas la nature qui rend macho, mais bel et bien la culture… Qu’il est possible et grand temps de changer d’état d’esprit, autant que de comportement.