Ava

Arte
04/11/20 ~ 20:55 - 22:40

Ava, 13 ans, passe ses vacances d'été au bord de la mer avec sa mère. Elle fait la rencontre de Juan, un jeune fugitif. Alors qu'elle connaît ses premiers émois amoureux, elle se rend chez son ophtalmologiste. Le diagnostic tombe comme un couperet. Elle va perdre la vue, qu'elle a déjà vacillante, plus vite que prévue. Sa mère, désemparée, la soutient comme elle peut. Ava, quant à elle, compte bien profiter des derniers jours où elle peut encore contempler le visage de Juan... - Critique : Sur une plage, des estivants en maillot, les pieds dans l’eau. Tableau rayonnant mais menacé par le passage éclair d’un grand chien noir qui vient lécher le ventre d’Ava, 13 ans, endormie. Pour cette enfant déjà femme, l’été sera décisif : elle vient d’apprendre qu’elle va bientôt perdre la vue. À l’angoisse qui la tenaille se mêle une urgence de vivre, de désirer. Mais, à la différence de sa mère (Laure Calamy, épatante), gentiment collante, impudique, qui trouve facilement un amant, le rapport d’Ava au monde comme à son propre corps est plus compliqué. La voilà donc qui cherche, expérimente, teste ses limites, se bande les yeux au bord du vide… Tout va vite, dans une confusion constructive de sensations et de sentiments. La peur du noir et son attrait se télescopent. C’est un festival des sens, que la mise en scène décuple, en déployant musique, couleurs saturées, élans et effets de rupture. La jeune réalisatrice Léa Mysius crée une forme originale pour ce récit d’initiation et d’émancipation. L’exaltation et l’aventure de la première fois, l’amour comme un jeu enivrant et dangereux, mais aussi la métaphore politique d’une France au champ de vision rétréci, qui traque et harcèle : voilà tout ce que réserve ce premier film enthousiasmant.