A l'est d'Eden

Arte
12/03/19 ~ 13:35 - 15:35

Elia Kazan adapte avec intensité, mais sans grande sensibilité, le roman touffu de Steinbeck, histoire d'un fils mal aimé dans l'Amérique provinciale de 1917. James Dean compose avec génie un animal traqué, un affamé d'amour profondément poignant. Critique : La vieille Amérique chrétienne et puritaine étouffe les jeunes « rebelles sans cause » qui hurlent leur fureur de vivre et leur haine des carcans. Le beau roman de John Steinbeck, publié en 1952, s’inscrit dans cet air du temps, ce goût de liberté qui donne envie de s’affranchir des codes établis. Kazan, adaptateur fidèle, en profite pour rompre avec les règles du cinéma classique : décadrages révélant la haine à peine maîtrisée d’un père pour son fils, scènes d’hystérie dans l’obscurité d’une maison close, ou ce splendide arrêt sur image, saisissant au vol la folie d’une foule de lyncheurs — un homme tient dans sa main la barrière qu’il vient d’arracher, une vieille femme brandit le poing… Mais, surtout, le cinéaste donne toute latitude à James Dean, dont c’est le premier rôle, pour improviser un personnage à la limite de l’autisme, dont la démarche inégale et enfantine, les yeux étranges et fous, la façon de marmonner ses phrases ou de relâcher sans prévenir sa brutalité restent inégalés. Kazan avait d’abord envisagé pour le rôle un autre débutant, du nom de Paul Newman. A quoi un mythe tient-il ?