L'innocent, diffusion du 10/12/20

Arte
10/12/20 ~ 22:35 - 00:25

Ruth, mariée et mère de deux adolescentes, est pleinement investie dans sa vie familiale, dans son travail de recherche en chirurgie vétérinaire, mais également au sein de la congrégation évangélique où elle a rencontré son époux. Son quotidien bien ordonnancé est bouleversé le jour où, au détour d'un parking, elle croit apercevoir son ancien fiancé Andreas, dont elle n'avait plus de nouvelles depuis sa condamnation à une longue peine de prison pour un crime qu'il a toujours nié avoir commis. L'homme aurait pourtant officiellement trouvé la mort peu après sa libération, lors d'un voyage en Inde. Lorsque Andreas débarque chez elle en pleine nuit, Ruth voit vaciller sa foi et son sens des réalités. - Critique : La vie de Ruth tourne autour de son travail dans une clinique vétérinaire, de sa famille, avec qui elle vit dans une belle maison à la propreté presque clinique, et de la religion. Son quotidien en apparence bien ordonné vole en éclats quand elle croit apercevoir sur un parking ­Andreas, son ancien fiancé, condamné pour meur­tre il y a dix-neuf ans. Ce premier rebondissement est suivi d’un second, encore plus étrange : Andreas serait mort quel­ques mois après sa sortie de prison. Ce téléfilm de Simon Jaquemet, après son premier long métrage, Chrieg, sorti en 2014, nous plonge dans la psyché d’une femme (Judith Hofmann, récompensée par le Prix du cinéma suisse 2019 pour ce rôle) en pleine crise de sens. Son ancien amoureux est-il bien vivant ? Reste-t-il un souvenir, ou, comme le pensent les membres de la communauté de chrétiens radicaux dont Ruth fait partie, une incarnation du diable ? Explorant le thème de la croyance et du doute, Jaquemet refuse les réponses claires et met notre propre foi à l’épreuve. Le jeune réalisateur travaille les omissions et les allusions, réduisant les dialogues au strict nécessaire. Une épure extrême qui nécessite beaucoup de patience pour rentrer dans le film. Exigeant dans le jeu de ses acteurs et dans sa mise en scène, L’Innocent l’est aussi avec son spectateur. Peut-être trop. Dommage, car la seconde partie, moins sèche, plus onirique, cède davantage de place à l’imagination.