L'homme qui tua Liberty Valance, diffusion du 22/03/19

Arte
22/03/19 ~ 13:35 - 15:35

La photo est un écrin noir et blanc pour une distribution éblouissante. Un incontournable du western, l'un des meilleurs de John Ford. Critique : Ce John Ford dernière manière (1962) est accessoirement connu pour la fameuse sentence : « Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende. » C’est par le vieux sénateur que la légende a glorifié (James Stewart) que nous apprendrons les faits. Mais ce faux suspense, assez laborieusement étiré à la fin du film par une bruyante séquence de convention électorale, vient seulement enfoncer le clou. L’essentiel tient dans la confrontation de deux types d’hommes de l’Ouest. Ransom Stoddard est un jeune juriste fébrile qui ne cesse d’agiter, tel un chiffon blanc, la vertu des lois. Tom Doniphon incarne, lui, la force tranquille, taciturne, ­efficace. Ford prend un malin plaisir à féminiser le premier, réduit, en attendant son heure, à faire la plonge en tablier dans le restau du coin. Wayne est blindé de virilité. C’est pourtant lui qui va craquer en voyant la rivalité amoureuse qui se noue autour de la belle Hallie tourner à son désavantage. Chez Ford, rien n’est jamais aussi simple qu’on pourrait le croire. L’opposition des deux figures, de leur gestuelle, de leur langage, suffirait à faire le film. S’y ajoutent un noir et blanc au piqué superbe et une galerie de seconds rôles gratinée, Lee Marvin en tête, qui joue Liberty Valance avec délectation, aussi brutal et sans merci que son nom est élégant.