Les éternels, diffusion du 23/07/20

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23/07/20 ~ 09:20 - 11:31

En 2001, Quiao, une fille de mineur, vit une histoire d'amour avec Bin, un petit chef de la pègre locale, à Datong. Un jour, la jeune femme s'empare de l'arme de son compagnon et en use pour le défendre. Elle passe cinq ans derrière les barreaux. Quand elle sort enfin, elle tente de reprendre sa relation avec Bin mais celui-ci se dérobe. Converti dans l’industrie, accompagné d’une nouvelle fiancée, il réchigne à lui témoigner la reconnaissance et encore moins de l'amour. Quelques années plus tard, Bin, devenu paralytique et dont les affaires ont péréclité, renoue avec Qiao, laquelle a repris et poursuivi avec succès l'entreprise mafieuse de leurs débuts... - Critique : « Bientôt, tout ceci ne sera que ruines sous l’eau », dit un guide touristique à propos d’un village, sur le futur site du barrage des Trois-Gorges, au cœur de la Chine. Nous sommes en 2006, au milieu du film, et la formule claque d’autant plus qu’elle exprime parfaitement le vertige procuré par Les Éternels. Tout — les liens comme les lieux — y semble voué à une violente transformation, sinon à une destruction sans appel. L’histoire a commencé en 2001, avec l’idylle de Qiao, fille de mineur, et d’un petit chef de la pègre locale, sur fond d’ouverture à l’Ouest et de déclin des traditions maoïstes. Mais un jour, la jeune fille, amoureu­se et exaltée par ses nouvelles fréquentations, s’empare de l’arme de son partenaire pour le défendre. S’ensuivent cinq années de prison pour elle, englouties dans une ellipse. Quand les deux amants se retrouvent, ils sont encore jeunes, irrévocablement marqués l’un par l’autre. Pourtant on ne les verra plus jamais s’étreindre. Un spectaculaire transfert de pouvoirs et de personnalité s’opère alors. Qiao devient, en quelque sorte, celui qu’elle avait choisi. Trahie par lui, brisée mais violente s’il le faut, elle endosse la droiture de la pègre à l’ancienne et reprend le chemin de sa région natale pour y régner en patronne. Zhao Tao, épouse et muse de Jia Zhang-ke — huitième collaboration depuis Platform, en 2000 —, crée une héroïne grandiose par sa fidélité et son endurance. Une Chinoise qui affronte son destin, même quand la vie ressemble à un paysage après l’incendie… Car, comme le dit le magnifique titre original, la blancheur de la cendre est la plus pure.