Les chatouilles, diffusion du 30/04/20

Canal+
30/04/20 ~ 23:28 - 01:05

Odette, une danseuse trentenaire, va voir une psychanalyste. Devant cette praticienne un peu dépassée, Odette rompt la loi du silence et de la honte : elle a été abusée, violée, dans son enfance, par Gilbert, le meilleur ami de ses parents. Un homme au - dessus de tout soupçon qui venait déjeuner le dimanche, et proposait toujours d’emmener la fillette en vacances avec ses propres enfants. A l'époque, la petite fille s'était tue car cet homme était admiré par ses parents à cause de sa réussite sociale. Quand Odette révèle son secret, c'est un choc pour son père trop doux pour envisager le pire. Sa mère, en revanche, craint le qu'en dira-t-on... - Critique : Il n’est pas question de guili-guili, mais d’un sujet grave : les abus sexuels sur enfants. Sauf que les réalisateurs choisissent de le traiter avec une légèreté sin­gulière, et un décalage qui se révèle le meilleur facteur de résilience. Andréa Bescond peut revendiquer le droit à ce parti pris : cette histoire est la sienne. Après son livre et son spectacle, Les Chatouilles ou la danse de la colère, dont le film est un prolongement, elle choisit de rendre son propos plus universel. Il était une fois la petite Odette, ­devenue jeune trentenaire qui atterrit dans le bureau d’une psy. Pour la première fois, devant cette praticienne, elle rompt la loi du silence et de la honte : elle a été abusée, violée, ­régulièrement, dans son enfance, par… le meilleur ami de ses parents, ce type si sympathique qui venait déjeuner le ­dimanche. Comment hurler que cet homme admiré par son père et sa mère (parce qu’il a bien réussi dans la vie) est un malade, une ordure, qui s’enferme avec vous dans la salle de bains, et vous culpabilise quand vous ­essayez de murmurer « non » ? La ­petite blonde au teint clair se tait… Le couple de réalisateurs prend toutes les libertés — jeux avec le fantasme et pas de côté — pour installer une distance avec le sujet. Les lieux et les époques s’emboîtent, les souvenirs passent par les portes du cabinet de la psy ou de la chambre d’Odette comme à travers les cloisons amovibles d’une maison de poupée. L’enfance garde son mot à dire, même si la réalisatrice-danseuse-actrice est devenue, adulte, l’énergie et la rage ­incarnées.