Le grand bain, diffusion du 11/03/20

Canal+
11/03/20 ~ 00:55 - 02:55

Marcus, un quinquagénaire chômeur sous antidépresseurs, tombe par hasard sur une petite annonce de recrutement d’un nouveau membre pour un club amateur de nage synchronisée masculine à la piscine municipale. Il y rencontre Laurent, manager irascible, Marcus, patron malheureux d’une boîte vendant des piscines et des spas, Simon, rockeur raté, le naïf Thierry , fan de Julien Clerc et préposé au ramassage des bouées, Avanish, un Sri-Lankais qui communique dans sa langue avec tout le groupe. Avec leur tyrannique entraîneuse Amanda, en fauteuil roulant et la plus Delphine, ancienne nageuse star, ils vont tenter de gagner le championnat du monde de la discipline... - Critique : C’est donc l’histoire d’une bande d’hommes entre deux âges, cabossés par la vie, qui tentent de reprendre en main leur destin en se lançant dans la natation synchronisée. Autrement dit, un film sur des types en slip de bain et claquettes, suffisamment inconscients — ou désespérés — pour jouer les Esther Williams de piscine municipale. À partir d’un tel argument, on pouvait s’attendre à tout, y compris à une pochade facile. Pourtant, avec ce Full Monty à la française, Gilles Lellouche orchestre un ballet aquatique à la fois grotesque, épique, improbable — il s’agit de préparer les championnats du monde — et, en fin de compte, très émouvant. Ce qu’il célè­bre, ce n’est pas la masculinité triomphante, mais celle qui ose exposer ses failles et prendre des coups à l’ego plutôt qu’en pleine figure. La piscine devient un grand bain amniotique, où ces vieux ­bébés vont renaître, s’affirmer, se réinventer, se dépasser, sous la houlette de deux femmes — Virginie Efira et Leïla Bekhti, parfaites dans les rôles du bon et du méchant coach. « Accepte la femme en toi ! », répète Virginie Efira, la plus ­maternante, à chacun de ses ­apprentis. Cesser de vouloir correspondre à un idéal de virilité ancestral, ou à un ­modèle de compétitivité, privilégier le travail d’équipe, la solidarité qui ­réchauffe, accepter de se mettre à nu, au sens propre comme au figuré… Les bons mots et les gags n’empêchent pas le film, en filigrane, d’égra­tigner les dérives de la société individualiste et la course à la performance, et de porter un message de fraternité qui, derrière le second degré, assume le premier.