La villa, diffusion du 04/04/19

Canal+
04/04/19 ~ 10:05 - 11:51

A quelques encablures de l’Estaque, dans l’anse Méjean, la spéculation, qui a gagné partout, menace à son tour. Le père d'Angèle, Armand et Joseph qui vient d'être frappé par une attaque est voué désormais à une vie végétative. Angèle est de retour à son corps défendant car elle a un compte à régler avec ses deux frères, dont l'un à repris le restaurant paternel et l'autre s'est fiancé à Bérangère, une très jeune femme. Ensemble, ils vont devoir vendre la maison familiale qui surplombe la mer. Alors qu'ils ont des comptes à régler, ils apprennent qu'un bateau rempli de migrants vient d'échouer sur la côte... Critique : | Genre : Tchekhov méridional. C’est un coin de village qui donne sur la mer, surplombé par un auguste viaduc et par une villa. Où l’imminence de la mort d’un patriarche suscite les retrouvailles de ses trois enfants, Armand (Gérard Meylan), Joseph (Jean-Pierre Darroussin) et Angèle (Ariane Ascaride) — autant dire le rappel de la troupe de Robert Guédiguian. Le soleil est bien noir. On blague encore, mais « au bord du précipice ». Cette noirceur n’est pas nouvelle chez le cinéaste, mais elle ne s’était pas exprimée de manière aussi poignante depuis La ville est tranquille (2000). Des trains qui filent au-dessus de la calanque déserte aux chemins de contrebandiers envahis de mauvaises herbes, tout paraît dominé par la perte, le deuil de quelqu’un. Le manque est une obsession, indissociable chez Guédiguian d’une nostalgie au conditionnel : il est moins poursuivi par ce qu’il a vécu que par ce qu’il aurait pu vivre. Heureusement, il y a le temps qui reste. La relève est assurée par la jeunesse, certes regardée avec l’œil d’un « vieux con », mais au fond enviée, soutenue, aimée. D’autre part, il y a l’urgence du présent, à travers la découverte d’enfants réfugiés, tapis dans la nature, qui vient réveiller ce que peuvent être une conscience, le sens de la solidarité et l’esprit de groupe. Et puis il y a la mer, ses dorades et ses poulpes qui nous rappellent que l’antique palpite encore.