Enfance volée, chronique d'un déni, diffusion du 05/04/19

LCP
05/04/19 ~ 00:30 - 01:30

Construit sur les témoignages de victimes, magistrats, psychiatres, relayées par des archives montrant le rôle déterminant de la télévision, Sylvie Meyer raconte 50 ans de réponses de la société à la pédophilie. Il retrace le combat mené pour caractériser pénalement l'acte pédo-criminel, évaluer ses conséquences à long terme sur l'enfant, et réussir à faire voter des lois pour protéger ce dernier. Critique : 1963. Dans le sud de la France, un enfant qui a été enlevé sans demande de rançon vient d’être rendu à ses parents. Complètement terrorisé, il est filmé par la télévision de l’époque tandis qu’un journaliste lui demande, d’un ton débonnaire censé dédramatiser l’événement : « Qu’est-ce que tu faisais avec ce monsieur ? Tu te promenais dans la montagne ? Il était gentil, alors ? » Il faudra attendre les années 1980 pour que les mots soient posés sur une réalité qui, jusqu’alors, faisait l’objet d’un déni de la société tout entière : les crimes sexuels sur enfants. Les choses, depuis, ont-elles réellement changé ? C’est la question que pose la réalisatrice Sylvie Meyer dans ce film qui revient sur cinquante ans de tabou autour de la pédophilie. Interrogeant anciennes victimes, psychiatres, magistrats, elle dresse un constat d’une violence implacable : nous sommes toujours incapables de faire face à la pédo-criminalité. Malgré l’éclairage médiatique porté sur certains scandales récents, la justice, la médecine, la psychiatrie ne prennent pas encore suffisamment en compte la parole des victimes. Et la psychiatre Muriel Salmona de livrer ces chiffres terrifiants : seuls 4 % des enfants victimes de crimes sexuels portent plainte. Parmi ces plaintes, 70 % sont classées sans suite, les autres n’aboutissent que rarement à une condamnation. Une impunité quasi absolue que dénonce avec force ce film bouleversant et accablant.   Suivi d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien.